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domingo, 27 de fevereiro de 2011

Des preuves - En voilà ! - Henri Sausse

 

 

Henri Sausse

Des preuves ??

En voilà !!

Résultats de plus de 50 années d’études et de persévérantes recherches

Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec

http://spirite.free.fr

A la mémoire de notre Maître en Spiritisme

ALLAN KARDEC

A nos Guides Spirituels

A mon Maître et Ami LEON DENIS

Aux Médiums Melle LOUISE, Melle BEDETTE

Aux Membres

Du Groupe Amitié et du Groupe Espérance

Avec mes plus sincères remerciements, je dédie ces pages où se trouve relater aussi scrupuleusement que possible, le récit des manifestations spirites qui ont été l’objet de nos recherches pendant des années, ainsi que les résultats heureux qui sont venus couronner nos efforts.

H. SAUSSE


J’obéis !

Une idée qui me revient souvent, et comme un motif charmeur, me berce pendant des heures d’insomnie, tend à me faire admettre que ce n’est pas seulement pour ma satisfaction personnelle que j’ai pu obtenir, au cours de mes 50 années de recherches, les phénomènes les plus divers et aussi les plus intéressants.

La longue série des manifestations spirites qu’il m’a été permis de constater, dans les conditions les plus favorables, et le récit qui en est consigné dans les procès-verbaux de nos séances, doivent aussi servir à encourager dans leurs recherches, ceux qui ont été moins bien favorisés et les mettre sur la voie des conditions requises pour arriver à de pareils résultats. Je vais essayer de répondre de mon mieux à cette voix intérieure, en déclarant, tout d’abord, que mes recherches, que mes études, n’avaient, en principe, d’autre but que de me convaincre moi-même ; que je les ai poursuivies avec la plus entière bonne foi, avec un désir ardent d’arriver à établir la preuve de la survivance de l’âme à la destruction du corps matériel et de l’intervention des incarnés dans la production de tous les phénomènes spirites. Je me suis toujours efforcé de ne pas me leurrer moi-même ou de me laisser berner par mes sujets. Fidèle disciple d’Allan KARDEC, j’ai étudié ses ouvrages et, sur les conseils que j’en ai retirés, j’ai réglé la marche de nos travaux. J’ai eu aussi la chance de rencontrer quelques bons médiums dont je n’ai eu qu’à me louer et que je remercie sincèrement pour le concours assidu, dévoué et désintéressé, qu ils m’ont prêté en se soumettant à cette condition première, d’être mis en somnambulisme au début de chaque séance ; afin que je puisse leur demander un effort plus grand pour la production des phénomènes, en pleine lumière, blanche ou rouge et non dans l’obscurité, où les phénomènes s’obtiennent bien plus facilement, mais où les fraudes sont bien plus faciles, or je tenais, avant tout, à pouvoir affirmer l’absolue authenticité des résultats obtenus.

C’est grâce à cet état de somnambulisme lucide que j’ai toujours pu réparer les fatigues des médiums lorsque, après de longues séances ou l’obtention de phénomènes matériels, ils se trouvaient épuisés et me demandaient d’agir sur eux par des passes magnétiques, pour leur rendre des forces fluidiques qu’ils avaient du dépenser ; et chaque fois avant de les réveiller je me suis assuré qu’ils n’éprouvaient aucune lassitude et se trouvaient en parfaite santé.

Donc :

1° Tous les phénomènes que je veux relater ont été obtenus en pleine lumière, ou blanche ou rouge, et largement suffisante pour voir les heures à une montre ;

2° Pendant toutes les séances, les médiums ont été mis, par moi, en somnambulisme, et sont restés en communication constante soit avec moi, soit avec les Esprits Guides qui dirigeaient, par eux, la marche des séances.

Ces conditions dont je ne me suis jamais départi, me permettent d’affirmer la réalité et la sincérité de tous les phénomènes que j’aurai à exposer et de rendre hommage à la bonne foi des médiums grâce auxquels, je le reconnais, nous avons été réellement privilégiés.

Avant d’aborder le récit des expériences faites, au Groupe Amitié et au Groupe Espérance, pour guider dans leurs recherches, ceux qui auront la volonté, la patience et la persévérance nécessaires pour mener leurs travaux à bien, et aussi pour les seconder par l’expérience acquise, je leur dis :

Il ne faut pas espérer obtenir des résultats bien saillants dans une réunion trop nombreuse. Le but des sociétés spirites n’est pas de montrer aux incrédules des phénomènes extraordinaires, mais de propager par tous les moyens en leur pouvoir, conférences, causeries, distributions de tracts, brochures, etc.…la consolante philosophie du Spiritisme, d’attirer sur elle l’attention de tous ceux qui doutent, qui souffrent et qui cherchent, leur cœur n’étant pas plus satisfait que la raison des mythes religieux dont on berna leur enfance ; de les mettre sur la voie d’une philosophie positive reposant, non sur des données métaphysiques, plus ou plus ou moins fardées, mais sur des faits réels, absolument probants et rigoureusement contrôlés ; de les inciter à rechercher et étudier eux même les phénomènes du Spiritisme afin d’en déduire les conséquences qu’ils comportent et de baser leurs convictions seulement sur leurs expériences personnelles, rien n’ayant à nos yeux, autant de poids que ce que nous avons contrôlé nous même. Mais, pour arriver à des résultats satisfaisants, probants, il est indispensable de se placer dans les conditions voulues ; pour cela il faut créer un cercle restreint de personnes ayant une grande communauté de désirs, de sentiments, étant animées d’une mutuelle sympathie, d’une confiance réciproque. Lorsque dans un groupe établi sur ces bases et composé de 8 à 15 personnes au plus, des deux sexes autant que possible, on aura pu réaliser l’harmonie fluidique nécessaire, on sera bien près du but poursuivi ; mais il faut, je le répète, une grande assiduité aux séances, beaucoup de régularité, de patience, d’efforts sur soi-même ; il faut encore le concours des invisibles qui nous assistent, concours sans lequel la production des phénomènes serait impossible, ou ne serait qu’un leurre ; il faut enfin, condition sine qua non, avoir un médium développé ou non. Avec de la bonne volonté, de la bonne foi, l’amour seul de la vérité, le concours de nos Guides ne nous fera jamais défaut, nos amis de l’espace étant toujours désireux de nous témoigner leur sympathie, et de nous prouver leur présence lorsque nous les sollicitons.

Comme, en matière d’expérimentation spirite, il n’y a pas de règle fixe, absolue, nos amis invisibles seront, dans bien des cas, nos Guides pour la direction à donner aux séances, le genre d’expérience à tenter, suivant les facultés qui se développent chez le ou les médiums ; c’est alors que l’emploi d’un bon sujet magnétique serait d’une grande utilité à moins qu’on ait, dans le groupe, un sujet tombant en trance sous l’influence des invisibles. Alors aussi une connaissance approfondie de l’ouvrage d’Allan Kardec : Le Livre des Médiums, sera indispensable non seulement au chef de groupe, mais aux assistants pour éviter les écueils que peut présenter la pratique de la médiumnité.

En règle générale, il faut d’abord étudier la philosophie spirite avant de poursuivre la recherche des phénomènes.

Que toujours toutes les manifestations soient passées au creuset de la raison, de la conscience ; qu’on repousse dans les écrits médianimiques toute flatterie, toute question d’ordre matériel ; un nom apocryphe peut signer un message, il faudra d’autant plus l’analyser que le nom sera plus respectable et le repousser, le rejeter absolument s’il semble seulement suspect.

Dans nos réunions intimes, ce sont presque toujours nos parents, nos amis défunts, nos Guides, qui nous assistent et se manifestent ; lorsqu’un esprit étranger se présente, et que nous ne pouvons le reconnaître, soyons d’autant plus réservé à son égard que le nom qu’il se donne, nous paraît celui d’un personnage plus éminent. Les Esprits supérieurs ne parent pas leurs conseils de vains oripeaux ; ils se contentent de nous être utiles ; sans chercher à nous en imposer par un nom ou un titre pompeux.

La crédulité de certains spirites de bonne foi, mais qui se laissent trop facilement abuser par des signatures plus ou moins illustres, a causé trop de tort à notre philosophie pour que nous ne nous tenions pas constamment sur nos gardes et ne réagissions pas énergiquement contre la naïveté de ceux qui acceptent tout sans contrôle.

Soyons donc toujours aussi prudents et perspicaces que possible dans nos expériences ; et n’abdiquons jamais le témoignage, le contrôle de notre conscience, de notre raison ; ce n’est qu’en agissant de la sorte que nous pourrons espérer des résultats sérieux et satisfaisants que nous parviendrons à soulever le voile de la chaste Isis, et sonder le mystère de notre destinée.

Il faut bien nous pénétrer que le Spiritisme est une étude sérieuse et de longue haleine ; si l’on veut obtenir des résultats sérieux, il faut y mettre le temps et en prendre la peine, très sérieusement.

Des sceptiques ont raillé l’usage de la prière au début d’une séance d’évocations. Tout en repoussant tout mysticisme, nous ne partageons pas leur avis, la prière faite en commun, du fond du cœur et non du bout des lèvres, est un levier puissant, une force considérable qu’on aurait tort de négliger ; elle favorise cette communion de pensées, de sentiments, sans laquelle les phénomènes spirites sont presque irréalisables ; en même temps qu’elle élève nos cœurs vers un idéal toujours supérieur, elle favorise l’harmonie qui doit toujours régner parmi les membres d’un groupe d’études spirites.

Je sais que les Esprits forts, à la recherche de quelque entité chimérique, chantent la mère gaudichon ou le petit navire pour lui donner des forces ; c’est leur affaire, nous estimons nous spirites que nous devons nous montrer dignes des bons Esprits si nous voulons que les bons Esprits nous assistent.

Voici la prière par laquelle, au Groupe Amitié, nous ouvrions toujours la séance :

«  Mon Dieu, ayez pitié de ceux qui souffrent ; donnez la force aux faibles, la santé aux malades, le courage à ceux qui en manquent. Faites-nous connaître, ô Mon Dieu, les moyens d’arriver au plus tôt jusqu’à vous et donnez-nous la force de les pratiquer. Permettez à nos Guides de venir à notre aide et de nous assister de leurs fluides et de leurs conseils dans nos expériences et de nous favoriser toujours de leur précieux concours. »

Cette évocation n’a rien, je crois, qui puisse effaroucher la libre pensée d’un spirite et de le faire passer pour mystique.

Après ces explications qui me semblaient indispensables, voici le détail fidèle des résultats obtenus au Groupe Amitié à Lyon, de 1883 à 1890.


Au groupe « Amitié »

Dans ce groupe intime nous étions réunis, au début août 1883, une dizaine d’amis cherchant à développer, par un travail assidu, les médiumnités qui pouvaient se trouver en nous à l’état latent. Nous nous réunissions, deux fois par semaine pour l’étude du Spiritisme et la pratique du magnétisme curatif. Nous voulions tout d’abord faire des essais de typtologie, ils furent nuls. Vers la fin d’une soirée infructueuse, alors que nos mains étaient encore sur la table, je fis un effort de volonté pour agir sur une demoiselle placée en face de moi, afin de provoquer chez elle le somnambulisme ; j’y réussis et lui demandai la cause de nos insuccés ; elle me répondit : «  Lorsqu’on sait lire couramment, on n’a plus besoin d’épeler. Vous savez tous écrire ; écrivez donc au lieu de perdre votre temps et le nôtre. » Sur le conseil de nos guides spirituels, nous abandonnâmes pendant quelques temps nos essais de médiumnité pour nous consacrer exclusivement à l’étude du magnétisme. La jeune personne, Melle Louise, que j’avais endormie une première fois par surprise, voulut bien se prêter de bonne grâce à nos recherches et devint, par la suite, un sujet d’une lucidité merveilleuse ; elle m’aidait alors de ses conseils, dans les soins à donner aux malades et pour que ceux-ci retirent du magnétisme curatif tous les bons résultats qu’on est en droit d’en attendre.

Pendant son sommeil, Melle Louise nous disait souvent, que nos guides la conduisaient dans des jardins splendides ou les émanations de fleurs ravissantes lui causaient un plaisir inexprimable et lui procuraient le plus grand bien. Un soir, le 18 janvier 1884, elle venait d’être mise en somnambulisme, lorsqu’elle vit des fleurs plus belles que d’habitude. J’étais debout devant elle, l’appartement en pleine lumière ; je la chargeais d’effluves magnétiques lorsqu’elle me dit « Oh ! La jolie fleur…. Nos guides me disent quelle est pour vous – Prenez-la, répondis-je. Tenez, la voilà !  » A ces mots, elle tendit la main droite de mon côté et sous mes yeux, à 30 cm environ de distance, je vis en pleine lumière apparaître et se matérialiser dans sa main une superbe rose thé.

Ce phénomène inattendu nous emplit de joie et d’espérance. Nous résolûmes de continuer, avec plus d’ardeur si possible, l’étude des manifestations spirites. Au moment même où Melle Louise dit : « tenez, la voilà ! » je ressentis une violente secousse à la poitrine et lorsque je voulus prendre la rose de ses doigts, je dus faire d’abord faire cesser la catalepsie qui avait envahie sa main.

Les résultats, au début, couronnèrent nos efforts et se montrèrent aussi fréquents que variés dans leur mode de production. Toujours, ils se produisirent pendant le sommeil magnétique du médium et sauf 2 séances, en pleine lumière. Notre cercle d’ailleurs, n’était composé que de personnes amies, recherchant la vérité avec la plus entière bonne foi et n’ayant aucun motif, ni la moindre envie de vouloir s’illusionner ; ou nous tromper les uns les autres. Détail important : le médium n’avait qu’une connaissance très imparfaite des phénomènes produits par les médiums à effets physiques. Lorsque je lui parlais, avant la séance, Melle Louise me répondait invariablement « Ce n’est pas la peine d’essayer, c’est du temps perdu, vous demandez des choses impossibles, vous ne réussirez pas ».

Malgré cette obstination du médium à douter toujours et quand même en dépit des résultats acquis, nous n’en continuâmes pas moins nos recherches, et le succès, comme on pourra en juger, dépassa souvent nos espérances, soutint et récompensa presque toujours nos efforts .

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Lorsque l’apport du 8 février avait eu lieu, la main droite du médium tomba subitement en catalepsie, ainsi que je l’ai signalé. Le phénomène se renouvela le 18 février, mais cette fois ce furent trois roses thé qui nous furent données. La section des tiges était aussi fraîche que lorsqu’on vient de les cueillir ; de plus, ces fleurs, et le feuillage qui les entourait étaient couverts d’une fine rosée, dont les perles, à la lumière, brillaient comme des diamants. La dépense fluidique fut plus forte et le bras droit du médium mis en contracture complète.

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Le 29 février 1884, il faisait un temps exécrable, une bise glaciale chassait à la figure des passants de larges flocons de neige ; néanmoins nous nous trouvâmes tous réunis pour notre séance de magnétisme, Melle Louise était en somnambulisme et assise dans un fauteuil. Je me tenais debout devant elle lorsqu’elle me dit : « regardez là ». Je levai les yeux vers le plafond et vis s’en détacher deux branches de lilas dont une à fleurs blanches et une splendide rose rouge qui tombèrent à mes pieds, à la vue de toutes les personnes présentes.

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Ces trois apports avaient été obtenus dans l’appartement occupé par le médium ; cette circonstance causait un réel ennui à Melle Louise, en raison de la facilité avec laquelle certains tempéraments jaloux accusent de supercherie, en pareille matière, ceux qui sont mieux favorisés. Pour mettre à l’abri de tout doute injustifié la bonne foi du médium et établir l’authenticité des phénomènes obtenus, nos guides nous avaient recommandé d’observer cette condition essentielle, qui n’avait jamais fait défaut. «  Si ces fleurs, nous disaient-ils, étaient apportées en fraude, dissimulées, vous pourriez facilement vous en rendre compte ; en examinant attentivement les pétales, les corolles, les feuilles surtout qui seraient plus ou moins froissées et porteraient des traces évidentes de la compression exercée sur elles. Celles-ci sont au contraire absolument intactes ; de plus, elles sont et seront toujours couvertes de rosée. » Malgré cette assurance, le médium demandait à nos guides que le phénomène se produisit chez moi où il n’y avait jamais de fleurs. Son désir se réalisa le 24 mars 1884. Ce soir-là nous avions fait, le médium et moi, des efforts énormes, mais qui semblaient devoir rester infructueux, pour obtenir un bouquet que Melle Louise nous disait voir devant elle. Nous étions harassés lorsqu’elle me dit : «  C’est assez, magnétisez nos amis ; nous aurons peut-être ces fleurs à la fin de la séance. » Je suivis son conseil, mais à la fin de la soirée, voyant le médium un peu éprouvé par la déperdition des fluides du début, je réveillai Melle Louise sans chercher à obtenir la matérialisation des fleurs entrevues.

Je me mis en devoir, alors, de magnétiser de l’eau qui se trouvait dans des flacons et qui était destinée à chacun des assistants. Lorsque j’eus fini, je montrais, aux personnes présentes la bouteille destinée à ma femme et dans laquelle le magnétisme avait produit des myriades de globules qui tournoyaient en tous sens. Nous étions tous réunis devant la lampe pour observer, lorsqu’une force intuitive et puissante me poussa à dire au médium : « Le bouquet est là, ramassez-le ». Chacun alors se penche pour voir l’endroit indiqué. « Il n’y en a point, dit ma femme, qui cherchait avec la lampe à la main. - Mais si, répond Melle Louise. Oh ! Oui, le voilà ! » - Personne pourtant ne l’apercevait. Nous la vîmes alors se baisser, prendre quelque chose dans le vide, puis se redresser, tenant à la main le bouquet qui s’était matérialisé lorsqu’elle l’avait saisi. Il était formé de cinq roses de provins splendides et réunies par un petit lien de jonc.

Le médium était réveillé lorsqu’il se baissa, mais lorsqu’il se releva tenant le bouquet, un sommeil spontané se produisit, et, son corps tout entier se trouva en catalepsie. Je fis promptement cesser cet état et, par quelques passes et des insufflations magnétiques, je rétablis l’équilibre.

« Quelle cause, dis-je au médium, produit cet état cataleptique ? »

« C’est la déperdition des fluides vitaux nécessaires au travail de la matérialisation ; plus j’en dépense brusquement, plus la contracture est générale et, si vous n’étiez pas là pour m’aider à rétablir l’équilibre, je ne pourrais pas, seule, obtenir de tels résultats, ou ma santé en serait fortement altérée. Pour arriver à la production de ces phénomènes, j’ai besoin non seulement d’une grande quantité de mes propres fluides, mais aussi des vôtres, de ceux que vous me donnez en me magnétisant, ou que je puise en vous et dans l’assistance, à l’instant où le travail de matérialisation s’accomplit. C’est là un travail très délicat, très compliqué, dont je ne me rends pas suffisamment compte pour pouvoir vous l’expliquer aujourd’hui, mais il est très intéressant ; qu’il vous suffise de savoir que l’un sans l’autre nous n’obtiendrions rien ».

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Le 8 avril 1884, pendant la réunion chez moi, nous aurions dû avoir, assurait le médium, un superbe bouquet tricolore. « Je le vois, me disait-il, il est splendide ; mais inutile d’insister, je suis entravée ce soir, et je n’ai pas assez de forces pour le prendre. Réveillez-moi. » Je me rendis à sa demande, et la séance fut terminée. En regagnant son appartement, Melle Louise se plaignait aux personnes qui l’accompagnaient, de n’avoir pas été suffisamment dégagée ; elle se sentait engourdie et, comme entourée d’une atmosphère fluidique qui rendait ses mouvements lourds et semblait opposer une résistance à sa marche. Lorsqu’elle fut arrivée à son domicile avec sa mère adoptive, Mme M…, le grand air avait dissipé cette lourdeur et elle se retrouvait presque à l’état normal.

Mme M… se hâta de se mettre au lit, laissant sa protégée vaquer plus lentement au soin de sa toilette. Soudain Mme M… entendit un cri aigu, puis le choc d’un corps tombant sur le parquet. Elle se releva précipitamment pour se rendre compte de ce qui se passait. N’ayant trouvé Melle Louise ni dans sa chambre, ni au salon, elle l’appela à plusieurs reprises sans obtenir aucune réponse ; son inquiétude allait croissant lorsqu’elle la vit enveloppée dans les plis d’une tenture de la porte de communication. Elle avait le genou gauche sur le parquet, la main gauche fortement appuyée sur le cœur, le bras droit élevé et tenant un énorme bouquet, le corps entier en catalepsie.

Ce fut à grand peine que Mme M… parvint à retirer Melle Louise de cette position et à la faire mettre au lit.

Prévenu le lendemain matin de ce qui c’était passé, j’endormis Melle Louise pour avoir l’explication de ce phénomène.

Voici sa réponse :

«  Comme je vous l’avais dit, nous aurions dû avoir ce bouquet chez vous, hier soir, mais j’ai été contrariée par des influences occultes et j’étais trop faible pour en triompher. Cependant, le travail était presque terminé ; c’est pour cela que nos amis ont voulu quand même me donner ce bouquet lorsque j’ai été plus forte. J’étais devant la glace du salon tressant mes cheveux, lorsque j’ai vu s’y refléter un point lumineux ; je me suis retournée pour en connaître la cause et j’ai reconnu notre guide magnétiseur qui m’a remis ce bouquet. Ma surprise a été si grande que j’ai poussé un cri et je suis tombée à genoux en catalepsie. « Si pareil fait devait se reproduire, quel serait le moyen le plus rapide de faire disparaître la catalepsie ?

« Il ne se reproduira pas, car, en votre absence, cet état pourrait devenir dangereux pour ma santé ; nos amis l’ont compris un peu tard mais ils ne procéderons plus de la sorte. »

Ce bouquet était composé de 6 branches de lilas blanc, deux roses blanches, quatre rouges et douze branches de myosotis.

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Tous ces détails que je signale, sont consignés dans notre livre de rapports ; j’ai conservé d’ailleurs un souvenir tangible de chacun de ces phénomènes. Les fleurs ont été séchées et placées sur des cartes spéciales où elles sont collées, et, derrière chacune d’elles, j’ai relaté dans un rapport détaillé les conditions et la nature de chaque apport et le nom des témoins qui peuvent en certifier l’authenticité.

Le 29 avril ce fut en séance et en pleine lumière que nous obtînmes 7 roses.


Orgueil et simulation

Au début du Groupe Amitié, mon ami, Monsieur Laurent de Farget était très assidu à nos réunions. Un soir en arrivant, il me demande : « Avez-vous lu la Revue Spirite de ce mois ? - Non pourquoi ? - Parce qu’elle contient une communication signée, George Sand, qui n’a aucun rapport avec le style de cet auteur que je préfère à beaucoup d’autres, ça lui ressemble autant qu’un âne a un évêque ! - Indifférent à l’âne, lui dis-je en riant, mais peu flatteur pour l’évêque ! Et il ajouta : J’ai écrit à M. Leymarie pour lui dire que je ne comprenais pas que la revue publie des insanités pareilles. »

A la réunion suivante, de Faget me dit : « Connaissez-vous à Lyon, un médium, du nom de Marguerite ? J’ai bien connu chez M. Finet vers 1874, un médium de ce nom-là mais depuis dix ans je l’ai perdu de vue, autant que je me souvienne, elle était très infatuée de sa médiumnité et elle cessa de venir aux réunions, parce qu’on ne prisait pas ces communications, comme elles devaient l’être. - Eh bien ! Tenez ! Lisez cette réponse à l’affaire de la communication signée G. Sand. - Et je lus : « Monsieur, je n’ai que faire de vos appréciations, les Esprits qui m’assistent sont trop élevés pour s’abaisser à discuter avec de petites gens comme vous. »

Qu’en dites-vous ? Que l’orgueil est toujours un très mauvais conseillé.

Etant donné les résultats que nous obtenions dans notre petit groupe, de dix personnes, nous fûmes bientôt, vingt et vingt cinq, sans bien savoir à qui nous avions à faire. Parmi les nouveaux venus se trouvait une dame G… d’une instruction très primaire, mais bon médium, et obtenant d’excellentes communications écrites avec une orthographe phonétique, ultra fantaisiste. On la prisait d’autant plus que ses dictées étaient de vraies pages de littérature et même d’éloquence dont nous étions surpris et charmés.

Un soir, j’étais seul chez moi et je lisais auprès de mon fourneau de cuisine lorsque j’entends, au dessus de ma tête, un bruit singulier ; on aurait dit de vieilles ferrailles remuées dans un panier à salade. Je prends ma lampe à la main et je cherche la cause de ce bruit ; je ne vois rien qui puisse me mettre sur la voie. Je reprends ma lecture mais un instant après le même bruit se reproduit. Je cherche de nouveau, plus attentivement et toujours rien. Mais alors il me vient à l’idée que c’est peut- être un avertissement qu’on veut me donner. Si c’est cela, dis-je, recommencez, et aussitôt pour la troisième fois le bruit se renouvelle et j’écris alors : « On vous trompe, ne dit rien mais observe et tu verras ». Signé, ton grand-père. Et le même bruit se produit pour la quatrième fois, sitôt après. Le lendemain, jour de séance, je venais de mettre Melle Louise en somnambulisme lorsqu’elle me dit : « Votre grand-père est près de vous, c’est lui qui est venu chez vous hier soir : observez et vous verrez ». Mon attente ne fut pas de longue durée. A la deuxième réunion suivante, Mme G… lut une communication d’un lyrisme superbe ; mais, à mesure qu’elle lisait, un ronronnement se produisait dans mon cerveau, et lorsqu’elle eut fini sa lecture, je lui dit : « c’est signé Chateaubriand ? Oui Monsieur, précisément. - C’est le rossignol. - Oui. - J’ai appris cela en classe, dans un recueil de morceaux choisis en littérature !…

La bonne femme devînt rouge, comme une crête de coq, mais ne reparut plus à nos réunions. Elle avait des fillettes qui apprenaient en classe dans un recueil, les pages des maîtres de notre langue ; en les leur faisant réciter, elle les apprenait aussi puis elle les écrivait comme elle pouvait ; et cependant, elle était médium ; elle en a donné des preuves sérieuses depuis, mais, pour paraître et s’attirer des louanges, elle truquait une faculté vraie contre une simulée. Flatter les médiums c’est les perdre, ne les adulons donc jamais si nous ne voulons pas être trompés par eux, tenons-nous toujours sur nos gardes.

Ecriture directe sous pli cacheté

Ayant lu le récit de messages donnés par l’écriture directe sous enveloppe cachetée, je résolus d’essayer ce mode de manifestation occulte.

Le 2 mai 1884, je recevais ainsi un message fort court, mais pour moi du plus grand intérêt.

Les résultats que nous obtenions au Groupe Amitié, nous ayant suscité quelques jaloux, ce phénomène fut, comme les précédents, attribué à une fourberie du médium. Voulant mettre un terme aux propos méchants qui couraient à ce sujet, et établir d’une façon absolue l’authenticité de ce phénomène, le 6 mai, tous nos amis étant réunis, j’envoyai chercher chez un papetier, du papier à lettre grand format. On prit au hasard, une des feuilles du cahier ; elle fut examinée par chacun à tour de rôle, puis pliée en quatre et placée sous enveloppe cachetée. Chacune des personnes présentes signa ensuite sur l’enveloppe même du procès-verbal de fermeture.

Le phénomène ne s’étant pas produit pendant la séance, je plaçai l’enveloppe entre deux plaques de carton et la mis dans ma poche. Je la gardai sur moi pendant trois semaines, ne la mettant entre la main du médium que pendant son sommeil magnétique et la lui retirant avant de le réveiller. Le 30 mai, il nous fut annoncé que nous pouvions ouvrir l’enveloppe, qu’elle renfermait deux communications, l’une d’un ami, l’autre de mon grand-père. Voici ces deux messages ainsi que les procès-verbaux de fermeture et d’ouverture de l’enveloppe. En dehors de l’importance que leur donnent les faits, ils auront l’avantage de faire connaître la majeure partie des témoins qui assistèrent à la production des phénomènes observés au Groupe Amitié.

Lyon, le 6 mai 1884.

Les soussignés reconnaissent qu’en leur présence, une feuille de papier à lettre blanc, sans aucune trace d’écriture, a été sous leurs yeux pliée en quatre, puis placée sous enveloppe et cachetée à la cire ; leur but est d’obtenir des conseils de leurs guides, au moyen de l’écriture directe, et de pouvoir affirmer hautement qu’il n’y a dans la production de cet écrit aucune fraude possible. Ont signé : Henri Sausse, M. moissonnier, Clotilde Sausse, Marie Boverie, Charles Boverie, Julia Sallier, Vve Garnier, A. Dayl, Louise P…, M. Guillet, V. Deschamps.

Après avoir constaté que l’enveloppe était absolument intacte, les soussignés déclarent que sous leurs yeux, l’enveloppe étant ouverte, on en a retiré la feuille de papier couverte d’écriture. Il y avait deux communications, l’une d’un ami, l’autre du grand-père de M. Sausse. Ont signé : V. Deschamps, M. Moisonnier, M. Guillet, A. Dayl, Vve. G. de Chaignon, J. Sallier, C. Boverie, Marie Boverie, Vve Garnier, Louise P…, M. Hugonet, Clotilde Sausse, Henri Sausse.

« Mes amis

La vraie religion est celle qui porte à admirer, à adorer la grandeur et la majesté immense de la cause première de toute chose. Celle qui donne une connaissance exacte de Dieu, celle qui élève Dieu au plus haut de tout son effort et qui fait sentir à l’homme sa misère et son rien, mais néanmoins lui fournit les moyens de se relever, en lui apprenant à mettre sa confiance en Dieu, le Maître suprême. Donc, étudiez le Spiritisme ; c’est en lui que vous apprendrez à remplacer l’égoïsme par l’amour du prochain ; en lui, enfin, vous trouverez la source de toutes choses, saines et vraies. Pourquoi, direz-vous, plutôt celle-là qu’une autre ? Parce qu’elle est l’œuvre d’Esprits réfléchis et clairvoyants, parce qu’en un mot, elle n’est pas la conception propre de l’homme, mais bien d’une multitude d’Esprits voulant votre progrès.

Ainsi ne perdez pas cela de vue. Il ne faut, sous aucun prétexte, souffrir qu’on fasse des modifications à votre doctrine, car ce qu’on pourrait y changer ne manquerait pas d’y apporter des formes matérielles, et il n’en faut point. A quoi servirait la lutte contre la matière si pour parler à Dieu c’est ce dont vous vous servez ? Soyez donc les gardiens fidèles de votre chère croyance et tous nous seront contents

Pour arriver à conserver intacte votre doctrine, vous aurez à lutter longtemps, je crois ; mais qu’importe, dites-vous que des amis s’associeront à votre travail. Nous serons toujours heureux, lorsque vous nous le demanderez, de vous donner des conseils.

Ainsi, courage ! Vous avez des ennemis réels, ne négligez rien pour les dévoiler ; les fourbes ne doivent pas être ménagés, et c’est leur rendre service à eux et à la société toute entière que de les démasquer. Soyez malgré cela indulgents et tenez compte des faiblesses auxquelles notre pauvre humanité est exposée.

Adieu, je vous aime.

Un Ami. »

« Henri, sois persévérant, ne te décourage jamais, puisque c’est pour le progrès moral que tu agis ; sois sûr que tu seras aidé. Ta somnambule vous a dit un jour qu’on vous promettait de belles choses si vous suivez bien nos conseils ; en disant cela, elle était l’écho fidèle de notre pensée. Chaque chose vient à son temps. Souviens toi que ce qui ne vient pas à un moment vient à un autre.

Ton Grand-père. »

Je ne relate ici ces communications qu’en raison de la façon dont elles nous furent données, sans leur attribuer plus de valeur qu’elles n’en comportent ; cependant elles nous posent des problèmes de la plus haute importance.

Lorsque, comme médium j’écris une communication, je l’attribue à un Esprit familier qui me l’a fait écrire. «  Erreur, ce n’est pas un Esprit qui vous l’a dictée, me dira un savant, c’est votre inconscient qui en est l’auteur. » D’autres plus savants encore, lui donneront pour cause ma subconscience, ma conscience subliminale ou octogale, que sais-je encore, un tas de noms nouveaux qui ne veulent rien dire, sinon rejeter l’influence des Esprits, de nos chères défunts, dans l’interprétation de leurs écrits. Mais dans le cas présent, comment mon inconscient ou celui du médium a-t-il pu s’y prendre pour faire émaner de lui ces deux communications et pour les écrire directement lui-même sur le papier, sur une enveloppe fermée, cachetée à la cire. Et ce qui est encore plus étrange, c’est que bien que le papier fut plié en quatre, la première communication fut écrite dans le sens des lignes, d’une petite écriture fine, et la seconde, celle de mon grand-père en caractères plus gros et en travers du papier. L’écriture de cette dernière est si ressemblante à celle de mon grand-père, qu’un jour où je la montrais à mon ami de Reyle, ma mère venant à passer, reconnut l’écriture de son beau-père et nous dit : « Tiens, c’est l’écriture du père Verdelet ça ! »

N’étant pas un savant, mais un simple spirite, convaincu par une infinité de preuves probantes, au lieu de camoufler, sous des noms nouveaux ou burlesques, une vérité que l’on ne veut pas admettre, je reste absolument convaincu que cette manifestation qui nous remplit de joie, eu pour cause unique, l’intervention des deux amis de l’au-delà ; ils nous ont donné d’ailleurs bien d’autres preuves de leur présence au milieu de nous.

Comme dernier détail, j’ajouterai que lorsque l’enveloppe fut ouverte, l’écriture était d’un gris foncé ; mais que depuis elle a bien pâli et tend de plus en plus à s’effacer. Avec quoi a-t-elle été écrite et comment ?

Je le répète encore car c’est un point essentiel, et dont il est nécessaire que mes lecteurs se pénètrent bien ; lorsque j’ai poursuivi mes expériences, ce n’était pas pour en faire parade ou en tirer profit ; mes médiums se sont toujours montrés d’un désintéressement absolu, et si j’ai poursuivi ces recherches pendant si longtemps, et avec une telle assiduité, c’est pour ma satisfaction personnelle et me convaincre moi-même, avant de vouloir essayer de convaincre les autres, ce sur quoi je ne compte guère car on ne peut être vraiment convaincu que par les preuves que l’on obtient soi-même.

Eh bien ces preuves, si vous les voulez sincèrement, chercher les vous-même, et vous les trouverez souvent d’autant plus convaincantes qu’elles semblent plus insignifiantes.


Des Fleurs, encore des Fleurs.

Le 6 mai 1884, nos amis auraient voulu nous offrir quelques fleurs, mais le médium fut impuissant à les matérialiser. Cet apport eut lieu le 16 mai. Il était composé de trois roses thé, deux roses rouges et cinq œillets. Il présenta cette circonstance particulière qu’une des roses s’effeuilla en se matérialisant ; trois autres se fanèrent avant la fin de la séance, bien qu’elles fussent très fraîches à l’instant de leur réception.

Le 11 juillet 1884 notre ami, M. Alexandre Delanne, étant de passage à Lyon, nous demande de lui permettre d’assister à une de nos séances. Nous accédâmes à sa demande en faisant cette réserve que ces phénomènes ne se produisant pas à notre volonté, mais lorsque nos guides pouvaient les réaliser nous ne pouvions lui promettre autre chose que le concours de notre ardent désir. Il ne fut pas, malgré cela, déçu dans son attente car il fut témoin de l’apport en pleine lumière, d’un bouquet composé de dix sept roses de diverses nuances et d’une branche de magnolia ayant six larges feuille et une énorme fleur.

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Le 8 août 1884, nous avons reçu, tombant du plafond en pleine lumière un bouquet composé de quinze roses de diverses espèces ; quinze tiges de myosotis et quinze tiges de réséda.

On remarquera que dans ces apports de fleurs, ce sont toujours les roses qui dominent. En voici la raison : le principal agent de ces apports était l’Esprit de mon grand-père qui de son vivant avait toujours eu une prédilection marquée pour ces fleurs et qui, dans l’erraticité, n’avait pas renoncé à cette préférence.

Un autre point sur lequel nous avons à plusieurs reprises attiré notre attention et celle de nos guides est celui-ci : en présence des bouquets énormes que nous recevions parfois, nous avons demandé, à nos amis si ces avalanches de fleurs ne causaient pas un préjudice, au jardinier qui les avait cultivées. Soyez sans inquiétude, à ce sujet, nous les prenons dans des lieux où elles viennent en plein vent et n’appartiennent à personne ; elles sont donc à tout le monde, à nous comme à ceux qui en font aussi de gros bouquets, suivant les saisons. Mais qu’arriverait-il si au moment où vous allez cueillir une fleur, un vivant se disposait lui-même à la prendre et la voyait disparaître à ses yeux ? Il en serait bien un peu surpris ; mais cela ne se produira pas parce que nous éviterions la chose si elle devait se produire.

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Le 29 août 1884, Melle Louise endormie me dit : « Votre grand-père est là ; il veut vous écrire ». Je pris un crayon, et, tandis que je transcrivais le message de la main droite, je tenais dans ma main gauche les deux mains réunies du médium pour lui donner des forces. Sans que Melle Louise ait fait le moindre mouvement pour se dégager, je sentis un corps se glisser entre mes doigts. Je regardais aussitôt et vis une énorme rose rouge toute couverte de rosée. Un instant après, le médium toujours en somnambulisme, prit les deux mains de sa voisine de gauche, Mme D…, et pendant qu’elles causaient ensemble d’un fils mort en bas âge, Mme D… reçut de ce fils deux roses qui se matérialisèrent dans ses mains.

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Le 19 septembre, mon grand-père me donna cinq roses.

Rentré à Paris, M. Alexandre Delanne avait parlé des résultats que nous obtenions au groupe Amitié et de la façon, disait-il, vraiment surprenante avec laquelle ils se produisaient. Un de ses auditeurs, M. Mikelis Di Rienzi, très sceptique, ne croyait pas à la possibilité de pareils phénomènes. Néanmoins, sa curiosité étant vivement excitée, il profita de la première occasion pour venir constater, de visu, ce genre de manifestation des Esprits. Son scepticisme ne fut pas de longue durée, et bientôt il du se rendre à l’évidence, ce qu’il fut de bonne grâce.

Ayant fait à Lyon, le 7 octobre 1884, un voyage dont le journal Le Spiritisme a publié le compte-rendu, M. Mikelis Di Rienzi se plait à rendre hommage à la bonne foi du médium.

Les assistant étant fort nombreux à cette réunion et notre salle de réunion très étroite, nous dûmes, pour caser tous nos invités, sortir un piano qui se trouvait dans la pièce et le placer dans une alcôve. Mon frère, M. Boverie et moi avions procédé à cette opération ; je savais donc qu’il n’y avait rien sur ce piano que je venais de débarrasser ; on jugera de ma surprise, de ma légitime irritation, lorsque au début de la séance, m’étant levé pour placer dans l’alcôve le chapeau d’un dernier arrivant, je trouvai sur le piano une superbe rose thé.

Croyant à une mauvaise plaisanterie, je pris la fleur et la jetai sur le guéridon se trouvant au centre de la pièce en disant : « Je ne m’explique pas pourquoi on a mis cette rose sur le piano, ni le but de celui qui l’a mise ; nous ne sommes pas ici pour nous leurrer ; mais pour constater la production de phénomènes étranges, j’en conviens, mais parfaitement authentiques. Nous avons la preuve que ces faits sont possibles ; il n’y a donc aucune raison pour chercher à les simuler ».

Chacun me regardait, interdit, ne comprenant pas le sens de mes paroles, lorsque l’une des assistantes, Mme Dousdebes, placée en face de moi à l’autre extrémité de la salle dit :

« Mlle Louise vient de s’endormir à l’instant précis où cette fleur a passé sur sa tête ».

« D’où vient cette fleur, dis-je au médium entrancé ? »

« C’est une surprise que nos amis ont voulu vous faire ; cette fleur, ce sont nos guides qui l’ont placée là pour vous la donner ; n’en accusez personne d’autre et gardez-la pour vous : nous en aurons d’autres dans un instant. »

Le fait se réalisa et M.M. Di Rienzi emporta, comme souvenir de son voyage une rose qu’il avait vu se matérialiser dans la main du médium.

Voici comment il termine dans le journal Le Spiritisme (1re quinzaine, novembre 1884) la relation de ce fait :

« J’affirme avoir vu, de mes yeux vu, ce qui s’appelle vu l’apport de cette dernière fleur, sans que le médium ait fait le moindre geste qui put faire croire à une habile mystification, sans que personne de la société eut fait un mouvement qui aurait donné l’idée d’un compérage, et j’ai constaté en outre la complète catalepsie de Mlle Louise au moment où s’est produit le phénomène.

Devant de tels faits que je n’aurais jamais osé affirmer, si moi et vingt autres personnes n’en avions été les témoins, je crois de mon devoir de les porter à la connaissance de nos lecteurs, en témoignage de repentir d’avoir si longtemps nié moi-même la réalité des apports ».

Signé : Mikelis Di Rienzi.


De la Musique et des Fleurs

A diverses reprises, nos guides avaient fait exécuter au piano par Mlle Louise, en somnambulisme, de forts jolis motifs. Quelquefois aux accords du piano s’étaient joints ceux d’une cithare dont on voyait vibrer les cordes, bien que personne ne la touchât. Le 31 octobre 1884, le résultat fut plus concluant, puisqu’un morceau d’une suave harmonie fut exécuté sans le concours d’aucun instrument.

Dans le numéro du 1er décembre, du journal Le Spiritisme, Mme Charbonnel, témoin occulaire, relate ainsi ce phénomène :

« Nous sommes heureux de vous annoncer que le vendredi 31 octobre, dans le groupe Amitié, nous avons obtenu de nos amis de l’espace des effets musicaux extrêmement remarquables.

« Les accords d’une harpe fluidique ont charmé nos oreilles pendant quelques minutes. C’est la première fois que ce phénomène se produit devant vingt deux personnes qui sont prêtes, d’ailleurs, à le certifier.

« La disposition de l’appartement et la pleine lumière ne pouvaient permettre aucune fraude ; nous avons été on ne peut plus satisfaits de cette harmonie vraiment céleste et qui, chose singulière, a été entendue par chacun de nous comme venant tantôt du piano fermé, tantôt de la fenêtre, tantôt de la porte.

« Pour chacun de nous, cette harmonie semblait partir de points différents, mais elle fut par tous perçue d’une manière distincte. »

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L’apport suivant n’eut lieu que le 13 février 1885. Ce soir-là, j’avais deux sujets endormis, Melle Louise et Mme Maria. Les deux médiums se tenaient enlacés par la taille. Melle Louise aidait Mme Maria à se dégager dans une trance plus complète ; elle lui montrait sa mère qui l’engageait à persévérer dans cette voie où elle marcherait de surprises en surprises. Pour l’encourager à poursuivre cette étude, la mère défunte de Mme Maria déposa deux branches de lilas sur leurs genoux, en pleine lumière.

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La faculté du médium, pendant cette année 1885, subit un temps d’arrêt : le deuxième apport ne nous fut donné que le 13 juillet, jour où mon Grand-père me remit, à l’occasion de ma fête, une superbe rose blanche.

Les mois suivants de l’année 1885 virent se dérouler une série d’évènements qui mirent bien souvent en danger l’existence du médium, mais dont nous parvînmes à triompher, grâce au magnétisme qui opéra en maintes circonstances de véritables prodiges, presque des résurrections.

Les tribulations de toutes sortes par lesquelles avait passé le médium, l’absence de tout phénomène pendant un temps aussi long avaient complètement découragé Melle Louise. Cette situation d’esprit était pénible, autant pour elle que pour ceux qui l’approchaient. Je résolus de tenter un énergique effort pour rendre la confiance au médium, en facilitant de tout mon pouvoir la production d’un phénomène quelconque.

C’est dans ces conditions que le 2 février 1886, je dis à Melle Louise en somnambulisme : «  Nos guides sont-ils là ? – Oui – Pour nous prouver qu’ils nous protègent toujours, et qu’ils vous rendent la confiance perdue, je les supplie de nous donner un apport aujourd’hui : quelle qu’en soit la nature, peu m’importe, pourvu que nous obtenions une preuve qu’ils nous assistent toujours. »

Le médium, alors, étendit sa main ouverte sous la lumière d’une forte lampe et nous dit : «  Regardez ». Sans que sa main bougeât de place, sans que nos yeux cessassent de l’observer, nous vîmes dans le creux de sa main se former un petit nuage de la grosseur d’un œuf ; ce nuage se condensa, puis subitement se transforma en une violette de Parme, dont le parfum exquis emplit l’appartement.

Ce phénomène répondant à notre ardent désir et venant ainsi, dans des conditions inattaquables, combler notre attente, pourra paraître plus étranges encore que ceux déjà cités ; il n’en est pas moins authentique et 20 témoins pourraient certifier en avoir vu le développement et la production.

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Le 16 février 1886, le médium ayant repris confiance, nous reçûmes deux roses couvertes de rosée ; elles furent placées dans un vase sur une table, et, sans qu’on les touchât, l’une d’elle s’effeuilla pendant la séance.


Le dispensaire de l’au-delà

Le 16 février 1886, me sentant fatigué, au début de la séance, par des brûlements d’estomac, je demande à nos guides, par le médium en trance, ce que je dois faire pour calmer les douleurs que j’éprouve : « Attendez, me répond Melle Louise, nos amis vont nous donner un remède. Je les vois ; ils assemblent des fluides ; ils les condensent pour en former de petites perles phosphorescentes. Qu’elles sont jolies… ce sont des pilules… Tenez, les voilà ! ». A ces mots, elle tend ses bras en avant et dans ses mains en catalepsie, ou sur le tapis, nous trouvâmes 19 pilules, que je pris suivant les instructions qui me furent données.

Le 23 février, le même phénomène devant se reproduire, je demandai à nos guides où je pourrais me procurer des pilules semblables, afin d’éviter au médium la fatigue que lui causait leur matérialisation. « Vous n’en trouverez nulle part de pareilles en pharmacie, me répondit Melle Louise : ce sont nos guides eux-mêmes qui les préparent spécialement pour vous ». Ce soir-là, il m’en fut donné vingt. Le 26 février, j’en reçu encore 22. De ces dernières, je n’ai gardé qu’une seule, en souvenir de ce phénomène ; je la conserve avec les autres apports dont j’ai parlé et dont je garde précieusement la collection complète. Depuis cette époque, la petite pilule que j’avais mise dans un tube en verre s’est réduite de plus de moitié.

L’effet produit par ces pilules fut prompt et radical, et depuis je n’éprouvai jamais, de ce côté, de nouvelles fatigues.

Ces apports de pilules s’étaient déjà produits dans les mêmes conditions le 13 janvier 1885, Mme Boverie avait reçus 3 pilules. Le 27 janvier 1885, Melle Salier en avait reçu 11 qui à toutes deux firent le plus grand bien. Nos amis avaient voulu nous prouver par là, qu’ils savaient, à l’occasion, joindre l’utile à l’agréable.

Nous reçûmes aussi à cette époque, tout un cours d’hygiène des plus intéressants ; il était dicté au médium, par un médecin de la grande armée qui nous annonça, parmi les fluides qui composent l’air de l’atmosphère, la découverte prochaine de l’argon et d’autres fluides encore ignorés en ce moment.


Un anneau voyageur

Pendant le cours de l’année 1886, nos efforts furent infructueux.

J’avais demandé à nos guides s’ils pourraient réunir ensemble, par le passage de la matière à travers la matière, trois anneaux sans solution de continuité ; l’un en ivoire, l’autre en buis et le troisième en bois blanc afin d’en former une chaîne. Nous ne pûmes y parvenir.

Les anneaux étaient enfermés dans une petite boîte sur laquelle le médium apposait ses mains ; à plusieurs reprises nous entendîmes les anneaux se heurter ; mais leur réunion ne se produisit pas.

Ayant changé provisoirement le local de nos réunions, un soir de septembre un des anneaux fut transporté chez mon frère où nous nous trouvions réunis. Le médium nous dit que, sur le conseil de nos guides, son esprit se dégageait et se transportait à 500 ou 600 mètres de là dans l’appartement où se trouvait les anneaux ; il vit la boîte qui les renfermait, en prit un qui se dématérialisa et fut ainsi apporté, puis, le travail contraire ayant été fait, l’anneau rematérialisé, tomba du plafond dans la pièce où nous nous trouvions.

« Pendant la dématérialisation, nous dit Mlle Louise, je vois les molécules composant les objets s’écarter une à une, tout en conservant leur position respective. Elles ont alors des proportions beaucoup plus grandes, mais la forme initiale ne change pas. » Dans ce nouvel état, qu’elle nomme fluidique, ces objets ne sont plus soumis aux lois ordinaires de la pesanteur et de l’impénétrabilité. Ils peuvent traverser la matière sans y laisser de trace et se conserver indéfiniment sans altération. Pour la matérialisation, la phénomène inverse se produit : les molécules composant le corps reprennent leur place primitive ; mais ce travail s’opère brusquement et nécessite, pour le médium une déperdition parfois assez grande de force psychique. Suivant que l’effort a été plus ou moins grand, la catalepsie est partielle ou complète. Mais quel qu’il soit, tout phénomène s’obtient au détriment des forces du médium et sa santé pourrait se trouver compromise si ces faits étaient produits trop fréquemment. C’est pour cette raison que les médiums à effets physiques ont besoin de récupérer leurs forces avant de chercher à produire de nouvelles manifestations, de nouveaux phénomènes.

Le 11 janvier 1887, nous reprenions nos séances dans notre ancien local. Comme don de joyeuse venue nos guides offraient une rose blanche au médium.

Le 25 janvier 1887, notre ami Gabriel Delanne, se trouvant de passage à Lyon, nous demanda d’assister à une de nos réunions. Sa requête ayant été acceptée, nous causions avant la séance des phénomènes constatés, de l’anneau transporté chez mon frère.

« Celui-ci, nous dit-il, est encore chez moi ; je l’ai vu encore tout à l’heure, mais nous ne l’apporterons pas ; il faudra qu’il revienne par le même chemin. - Où se trouve t-il placé ? demanda M. Delanne. - Accroché à un porte montre à la cheminé de la salle à manger, il est à droite, je l’ai encore touché avant de venir, je suis donc bien certain qu’il y est. - Je serais bien curieux de la voir rapporter ici ce soir, reprit M. Delanne.

Nous essayons d’obtenir ce résultat. Le médium, en somnambulisme, voit l’anneau à la place indiquée. Avec le concours de nos guides il est facilement dématérialisé et apporté dans la pièce où nous nous trouvons, mais, tous les efforts tentés pour le matérialiser restent infructueux. M. Delanne n’admet pas que la matière puisse ainsi changer de nature ; il est convaincu que le médium n’a apporté que le double fluidique de l’anneau, mais que l’anneau lui-même a dû rester en place. Nous discutons longuement sur ce sujet et comme nous ne sommes pas du même avis, M. G. Delanne demande que nous allions chez mon frère nous assurer de la réalité de sa manière de voir. Nous accédons à son désir et le laissons, le premier, entrer dans l’appartement, qu’il connaît bien ; il se dirige vers la place indiquée où il croit retrouver l’anneau, mais la place est vide, celui-ci n’y est plus ; il cherche vainement, l’anneau a disparu.

Ce ne fut que le 1er février que l’anneau ramené à son état normal fut pris dans le vide par Mlle Louise en somnambulisme.


Haines posthumes…. Réincarnations

Le 12 avril 1887, sur la demande de Mme Comte Caliste, nous prions nos guides de nous aider pour forcer à se manifester un Esprit qui obsède un médium et le pousse au suicide. Cet esprit haineux et jaloux n’est autre que la belle-sœur du médium. A cette dernière tout semble vouloir assurer une existence paisible et heureuse et ce but serait atteint sans l’esprit obsesseur qui, lui, n’ayant pas réussi dans les affaires, avait clôturé son bilan par un suicide. Poussé par une haine féroce, la suicidée n’a ni paix ni trêve ; jour et nuit elle cherche à entretenir dans le cerveau de sa belle-sœur cette idée fixe : « Je suis trop malheureuse, je veux, je dois aussi me suicider ». Le résultat de cette évocation fût une séance fort troublée ; par suite de la perturbation qu’apporte dans l’harmonie des fluides la présence d’un être mauvais et méchant. Celui-ci, furieux de notre intervention, et voulant s’en venger, nous faisait toutes sortes de menaces ; je dus mettre en catalepsie les bras et les jambes de Mlle Louise pour éviter une scène de pugilat. « Si voyiez, comme moi, la férocité de son aspect, vous en seriez effrayés nous dit Mlle Louise ; vous en seriez effrayés. Tenez, il prend une poignée de gravier qu’il vous jette à la figure ! - Il ne m’a pas fait grand mal. » Répondis-je et au même instant nous entendîmes tomber et rebondir sur le parquet deux petites pierres.

Pour amener cet Esprit méchant à d’autres sentiments, nous eûmes besoin de plus de six mois de conseils, d’exhortations, de bonnes paroles et de soins, mais heureusement nous en vînmes à bout.

En venant à nos réunions, Mme Comte-Calixte se faisait accompagner par Mlle Sophie, sa demoiselle de compagnie. Celle-ci, après avoir vu la facilité avec laquelle les médiums étaient mis en somnambulisme, et l’état de bien-être dans lequel ils se trouvaient au réveil, me fit demander d’essayer de l’endormir pour voir si elle avait, à l’état latent, des facultés qui pourraient nous être utiles. A la fin d’une séance, je dis à Mlle Louise avant de la réveiller : « Aidez-là à se dégager, je vais endormir Mlle Sophie. Elle me répondit nerveusement et à vois basse : Non, je ne veux pas… Je ne veux pas et puis faites comme vous voudrez. » Je fus surpris de cette réponse et du ton sur lequel elle fut faite ; mais je n’insistai pas. Le lendemain je revis Mlle Louise et sans lui dire le but de ma visite, je la mis en somnambulisme et lui demandai la cause de sa conduite la veille. Elle s’obstina longtemps à vouloir garder pour elle un secret qui ne me concernait pas ; cependant sur mon insistance, elle finit par me déclarer : « Je m’y suis opposée parce que cette personne a été la cause de mon malheur dans une autre existence ; nous nous sommes jurées une haine éternelle ; je la méprise, je la hais, et jamais je ne lui pardonnerai, jamais entendez-vous, tout le mal qu’elle m’a fait. - Je crois cependant, lui dis-je, que ce n’est pas le hasard seul qui vous a mis sur le même chemin, mais que ce sont nos amis ; pour vous donner le moyen de vous réconcilier ». Elle se révolta, contre cette idée, mais à force de patience et de bonnes raisons, je finis par lui faire promettre qu’elle m’aiderait à l’endormir et lui pardonnerait.

A la séance suivante, je n’avais rien dit à personne de cette dernière entrevue, après avoir endormi simultanément Mlle Louise, Mme Maria et M. Molarel, je fis mettre ce dernier à ma place, à droite de Mlle Louise et Mme Maria à sa gauche et me plaçant en face de Mlle Sophie, je me mis en devoir de provoquer chez elle le somnambulisme. A ce moment, Mme Maria, M. Molaret prirent Mlle Louise par la taille en lui disant : «  Allons, Louise, du courage, il faut l’aider à se dégager, il faut aussi lui pardonner ; il faut oublier. Oui, pardonnez et oubliez, ce sont nos amis qui vous le demandent, il faut que cette haine prenne fin et qu’un pardon sincère vous réconcilie. »

Mlle Sophie venait de s’endormir à son tour ; alors Mlle Louise la prit par la main et lui dit : « Voyez et souvenez-vous ». Mlle Sophie resta un moment comme stupéfaite, médusée, puis elle se mit à pleurer à chaudes larmes en disant : «  Non, vous ne pouvez pas me pardonner ; je vous ai fait trop de mal pour que vous puissiez l’oublier ; où me cacher, j’ai honte de moi-même ! » et elle pleurait à inonder son corsage. Louise et les autres pleuraient aussi : enfin Mlle Louise dit : « Puisque nos amis le demandent, que tout s’efface de ce passé sinistre ; que tout soit oublié. » Et s’étant levés spontanément les quatre médiums se tenaient enlacés dans une forte étreinte ; pleurant maintenant de joie et de ravissement. J’eus beaucoup de mal à les ramener, tous les quatre, au sentiment de la réalité et à les faire revenir pour les réveiller. Les autres membres du groupe avaient suivi cette scène pathétique, sans bien la comprendre ; je dus leur donner la clef de l’énigme. C’était la fin d’une haine posthume. J’ai observé ailleurs deux autres cas semblables.

En septembre 1887, à une séance un des Esprits qui nous aidaient dans nos travaux, l’ami Joseph nous dit : « Je viens vous faire mes adieux, je ne reviendrai plus à vos réunions où vous m’avez si fraternellement accueilli ; je vais me réincarner. - Si vous vouliez nous dire dans quelles conditions, nous pourrions vous rechercher pour encore nous occuper de vous. - Non, c’est inutile, se serait contre la loi de Dieu ; si le mystère de notre passé nous est caché, c’est qu’il y a pour cela des motifs sérieux et que nous ne pouvons enfreindre en cherchant à soulever le voile qui nous cache notre destinée. » Ce fut sa dernière visite.

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Le 20 décembre 1887, Melle Louise, en somnambulisme, voit des violettes ; il y en a profusion, nous auront tous de gros bouquets. Leur parfum commence à se faire sentir ; puis nous voyons tomber du plafond, une à une, quelques violettes qui se posent sur nous. Mais au lieu d’une riche moisson, il y en a seulement 6 ; or, nous sommes 7 présents. Nous demandons au médium quel est celui qui devra s’en passer : «  il y en a une pour chacun de vous ; cherchez bien, vous trouverez la septième violette ». Nous fouillons dans tous les coins de l’appartement, sans pouvoir la découvrir et nous partons, laissant Melle Louise très contrariée de ne pas avoir trouvé celle qui lui était destinée. Sa tristesse ne fut pas de longue durée, car après notre départ, en quittant son corsage, elle trouva la petite violette cachée dans un rucher de dentelle, de son corset. Nous avons donc eu se soir-là, sept violettes comme nos guides nous l’avaient dit.

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Voulant tenter des expériences de matérialisation d’Esprits, nous divisâmes nos séances en deux parties, pendant la première séance obscure, tous les assistants formaient la chaîne dans l’ordre indiqué, chaque fois, par nos guides.

Le 17 janvier 1888, nous étions placés, M. D…à la gauche du médium, moi à sa droite tenant une de ses mains, sans que ni l’un ni l’autre nous ayons cessé de tenir les mains de Melle Louise, une branche de réséda fut mise entre les doigts de M. D…, un œillet blanc, discrètement placé au corsage de M. M… et une tige de myrte en fleur déposée sur mes genoux.

Dans l’obscurité, nous dit le médium, les apports sont beaucoup plus faciles à obtenir ; car les combinaisons fluidiques ne sont pas contrariées par les vibrations lumineuses ; il faut une dépense fluidique presque insignifiante pour les réaliser, mais le contrôle est plus difficile et l’on est tenté de les attribuer à la supercherie.

Le 7 février 1888, pendant une séance obscure, M. Deborne reçoit une tige d’héliotrope et deux anémones épanouies. Melle Louise nous répète, que dans l’obscurité, les apports s’opèrent bien plus facilement ; mais, elle demande à nos guides de ne plus produire ces phénomènes qu’en pleine lumière, afin de dégager sa bonne foi et de la mettre à l’abri de toute suspicion.

Ce qui, plus que toute autre chose, devait mettre nos expériences en dehors de toute supposition de fraude, de toute suspicion ; c’est le désintéressement et la patience du médium qui étaient absolus et la bonne foi de tous les membres du groupe ; car nous poursuivions ces recherches, non pour ébahir la galerie, mais pour nous convaincre par nous-mêmes de l’authenticité de ces manifestations. Au lieu de chercher des subterfuges pour expliquer ces phénomènes ; en nous passant de l’assistance des Esprits, pour les attribuer à des entités inconnues, à des agents imaginaires. Nous avons voulu, autant qu’il était en notre pouvoir, mettre en lumière l’action de nos guides, ou Esprits familiers, dans la réalisation de nos désirs.


Le cas de Madame F…

Dans le courant de l’année 1887, une dame F… vint me prier de soigner par le magnétisme sa mère âgée et atteinte de douleurs rhumatismales contre lesquelles toutes les ressources de la médecine étaient restées impuissantes. Mme F… est la femme d’un professeur de la faculté des sciences ; c’est-à-dire que les docteurs auxquels elle s’adressa tout d’abord, comptaient parmi nos célébrités de l’art médical. Je répondis à cette dame : «  Je veux bien m’occuper de Mme votre mère, mais je ne puis rien vous promettre sans connaître la cause du mal dont elle souffre et pour cela, j’ai besoin de faire examiner son état par mon sujet. »

Le résultat de cette visite faite à distance, fut loin d’être favorable à la malade ; les douleurs dont elle se plaignait n’avaient rien de rhumatismale, comme on me l’avait dit : elles étaient produites par une grande atonie du fémur droit et de la colonne vertébrale, dans lesquels la vie s’éteignait : « c’est le résultat d’une chute dans un escalier ; elle n’a été ni avouée, ni soignée, c’est là l’origine du mal. Vous pouvez essayer, me dit Melle Louise, vous n’obtiendrez pas de résultat ; le mal est trop avancé, et l’organisme de cette personne trop usé pour espérer une guérison. » Je fis part à Mme F… de cette réponse si peu satisfaisante. Elle m’avoua alors que le diagnostique porté par mon sujet était conforme à celui de tous les médecins qu’elle avait consultés, mais qu’elle espérait qu’ils avaient pu se tromper, et que c’était parce que la médecine était impuissante qu’elle avait recours au magnétisme. «  Dans ces conditions, dis-je à Mme F…, je veux bien magnétiser Madame votre mère, car, si je ne puis vous promettre de la guérir, j’espère au moins la soulager. Je ferai, pour cela, tout mon possible, mais, ainsi que je vous l’ai dit, je n’accepterai jamais d’honoraires sous quelque prétexte que ce soit. » Nous fûmes bien d’accord sur ce point, et je commençai les magnétisations, trois fois par semaine.

Un mieux sensible se déclara tout d’abord, puis le mal reprit son cours ; mon action, sur la malade, alla en décroissant, si bien qu’après deux mois et demi de traitement, je ne pouvais plus calmer ses douleurs que pendant quelques heures. J’aurai continué, néanmoins, à magnétiser cette dame, si un voyage que je dus faire ne m’avait forcé d’interrompre le traitement ; mon travail ensuite ne me permit pas de le reprendre.

Mme F… me remercia chaudement des soins que j’avais donnés à sa mère, et je pris congé d’elle, regrettant un insuccès que j’avais prévu, n’ayant pas les moyens de l’éviter.

Je ne songeais plus à cette affaire, lorsque, le 11 juin 1888, Mme F… vint me trouver, au magasin où j’étais employé, pour me remercier de nouveau et me prier d’accepter une rétribution pour le temps que j’avais passé à soigner sa mère. Je refusai énergiquement, ainsi que j’en avais prévenu Mme F…, je ne pouvais et ne voulais rien recevoir ; elle persista dans sa détermination et, après une demi-heure de discussion, ne voulant pas se rendre à mes arguments, Mme F… prit congé de moi, laissant sur le comptoir près duquel nous nous trouvions, cinq pièces de vingt francs.

Ne voulant pas que mes patrons, qui rôdaient autour de nous, connussent le but de cette visite, je laissai partir Mme F…, sans protester davantage, bien résolu à ne pas garder cette somme, à laquelle je ne me reconnaissais aucun droit.

Le soir même, j’endormis mon sujet et demandai à nos guides ce qu’ils me conseillaient de faire de cet argent. « Le rendre, me fut-il répondu. - C’est aussi mon avis, mais par quel moyen ?… Nos guides veulent-ils s’en charger ? – Oui, me dit Melle Louise, nos amis rendront eux-mêmes cette somme à qui de droit, pour vous prouver leur joie de vous voir accepter leur conseil. »

J’écrivis alors à Mme F… une lettre d’excuse de ne pouvoir accepter son trop généreux cadeau : lui indiquant toutes les raisons qui me forçaient à le refuser et l’informant du moyen dont se servaient nos guides, pour opérer cette restitution. Je mis lettre et argent sous une enveloppe du format et, à notre séance du 12 juin, mon sujet était en somnambulisme, je plaçai la lettre sur les genoux de Melle Louise, priant nos amis de tenir leur promesse.

Une demi-heure après tout avait disparu. L’enveloppe et son contenu étaient fluidifiés. Ce travail avait causé au médium une grande dépense de forces fluidiques, ses bras étaient en catalepsie, il éprouvait dans les mains une sensation de brûlure très vive. Je fis promptement disparaître ces fatigues, mais je ne pus pas lui redonner assez de force pour terminer ce travail.

A la séance suivante, Melle Louise me dit : «  Je vois la lettre, elle est là dans les fluides, avec sa forme primitive. Elle pourrait rester bien longtemps ainsi sans se perdre, sans se désagréger. Quel beau travail, je vais prier nos amis de nous conduire auprès de Mme F… et de m’aider à transporter cette lettre dans son domicile pour la rematérialiser. »

Le transport eut lieu ce soir-là, mais mon sujet, un peu fatigué, ne put pas, malgré son vif désir, et le concours de nos guides, terminer ce travail ; les fluides matériels lui manquaient. « Ce sera pour la prochaine fois, me dit-il, il reste fort peu de choses à faire, mais pour aujourd’hui je n’en ai pas les moyens. »

Une troisième fois, je renvoyai, pendant son sommeil, le médium chez Mme F…, il me fit la description d’une pièce à droite servant de salle à manger ; je n’avais fait que la voir en passant pendant ma visite ; mais je n’y étais jamais entré. « C’est là, me dit Melle Louise, qu’aura lieu la matérialisation. » Puis elle me demanda de lui donner des fluides et d’agir sur elle par une volonté ferme et soutenue par un ardent désir de réussir.

Mon sujet alors s’était dressé ; il faisait beaucoup d’efforts  pour dégager des fluides plus lourds ; soudain, il retomba épuisé sur sa chaise les bras tendus en avant, en catalepsie.

«  C’est fini ; le travail est terminé. J’ai entendu tomber la lettre ; j’ai les mains brûlantes, je suis harassée de fatigue. Donnez-moi des fluides fortifiants et remercions nos amis. Votre désir est réalisé, on vous accusera réception de votre lettre. »

Comme on le comprendra aisément, nous attendions, avec une réelle impatience, la réponse annoncée. Mais les jours passaient et nous restions sans nouvelles de notre missive.

Je renvoyai, à nouveau, mon sujet endormi chez Mme F… « Je vois pourquoi on ne vous a pas répondu ; la lettre est tombée entre le piano et le mur, on ne peut pas la voir. Il faudrait écrire à cette dame de la retirer, dans la crainte qu’elle ne s’égare. Je vois cette lettre, elle est bien matérialisée ; je lis le nom sur l’enveloppe qui est froissée et s’est un peu déchirée en tombant. Je suis sûre qu’on la trouvera à l’endroit indiqué. » J’écrivis alors à Mme F …, l’informant qu’une lettre à son adresse était tombée derrière son piano, la priant de la retirer et de me faire savoir si elle l’avait trouvée.

Plusieurs jours s’écoulèrent encore sans qu’il me parvint aucune réponse. Melle Louise était dans un état  d’anxiété indescriptible. Elle croyait que le travail n’avait pas eu lieu, qu’elle s’était trompée, que je lui avais demandé quelque chose d’impossible. Elle croyait son honorabilité engagée ; ses doutes, son découragement faisaient peine à voir ; aussi ce fut une joie bien grande que, dans les premiers jours de juillet, je reçu la visite de Mme F…venant m’annoncer elle-même la réception de ma lettre, trouvée effectivement derrière le piano de la salle à manger.

« Je ne vous ai pas répondu plus tôt, me dit-elle, parce que je voulais vous dire des sottises et ne pouvais vous les écrire. Pourquoi ne pas accepter une rétribution si modique et si légitime ! Vos guides ne sont pas gentils pour moi, mais je leur rendrai la monnaie de leur pièce ; ils ne m’empêcheront pas de faire partie de votre société et de consacrer à la propagande de vos idées la somme que je voudrai. »

«  Il n’y a, Madame, à ce projet aucune objection ; nous serons heureux de votre concours, pour la diffusion du Spiritisme et du magnétisme ; mais soyez bien persuadée qu’aucune somme d’argent, si forte fut-elle, ne me causerait autant de joie que la réception de ma lettre dans les conditions où elle vous a été adressée et où vous l’avez reçue. »

Détail à noter : je ne suis jamais entré dans la pièce où a eu lieu la matérialisation. Le médium, ni personne du Groupe, ne connaît Mme F… ; personne, sauf moi, ne sait où elle demeure et n’a été en relation avec elle.

Je serais bien curieux de savoir par le fait de quelle cryptesthésie[1] cette opération a pu être menée à bonne fin ?


Dernières manifestations…

Moulages en paraffine.

Le 31 juillet 1888, en pleine lumière, deux roses, deux œillets blancs et un rouge nous furent donnés. Nos guides auraient voulu me les offrir, le 14 juillet, mais le médium manquant de forces, n’avait pu les matérialiser.

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Pendant l’année 1889, nous n’avons eu qu’un seul apport ; un œillet, qui me fut donné le 14 mai. Nous poursuivions alors la réalisation des moulages en paraffine obtenus en Amérique et à Rome par le chevalier Chiaïa ; grâce à la médiumnité d’Eusapia Paladino. De nombreux essais avaient été tentés sans succès. Le médium ne voulait pas croire à la réussite de ce phénomène et nous engageait fortement à y renoncer, lorsque sur mes instances, le 11 février 1889, une nouvelle épreuve fut tentée.

J’avais préparé moi-même le vase de paraffine et celui d’eau froide ; pendant la séance le médium me dit : « Je crois bien qu’il y a quelque chose dans le vase d’eau froide. Esther (un de nos guides) a mis sa main dans la paraffine, puis elle s’est plainte que le récipient était trop petit. Regardez  ».

Il y avait en effet dans l’eau froide le moulage d’une main dont les quatre doigts réunis sont plus petits que ceux du médium ; le moule est creux et fermé par la paraffine qui est retombée sur elle-même. C’est le seul phénomène de ce genre que j’aie pu observer. Je le conserve dans mes archives avec un souvenir personnel de presque tous les apports que je viens de signaler.

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Enfin le 6 mai 1890, à l’occasion de l’anniversaire de ma naissance, je reçus deux roses qu’avec le consentement de nos guides, nous offrîmes à la Société Fraternelle, dont tous les membres de notre groupe faisaient partie et dont je fus le président pendant vingt-quatre ans. Ces fleurs sont revenues en ma possession par le fait d’une cabale qui n’a rien à voir ici.

Le 28 octobre 1890 eut lieu notre dernière réunion. Voici comment notre secrétaire en termine le procès-verbal :

« D’aujourd’hui, suivant mes prévisions, il faut renoncer aux expériences que nous poursuivions depuis plusieurs années. Ce n’est pas sans regret que je vois s’évanouir ce doux espoir de voir des Esprits matérialisés et parmi eux ma douce protectrice. Je lui fais ce sacrifice avec la conviction qu’elle l’agréera et adoucira ma peine ».

Le motif fut le mariage de Mlle Louise.

Je n’ai pas, moi non plus, renoncé à cette douce espérance ; mais je dois attendre que des conditions propices me facilitent, de nouveau, la continuation de mes chères études.

31 mars 1895


Récapitulation des phénomènes obtenus

au Groupe «  Amitié » de 1884 à 1890

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1884 16 Janvier 1 rose thé

8 Février 3 roses thé

29 Février 2 branches de lilas, 1 rose rouge

24 Mars 5 roses de Provins

8 Avril 6 branches de lilas, 2 roses blanches, 4 roses rouges, 12 branches de myosotis

29 Avril 7 roses diverses

2 Mai Ecriture directe sous pli cacheté

6 /30 Mai Ecriture directe sous pli cacheté

16 Mai 4 roses, 5 œillets

8 Août 15 roses, 15 tiges de myosotis, 15 de réséda

29 Août 1 rose rouge

19 Septembre 5 roses rouges

7 Octobre 5 roses rouges

1885 13 Janvier 3 pilules

27 Janvier 11 pilules

13 Février 2 branches de lilas

13 Juillet 1 rose blanche

1886 2 Février 1 violette de Parme

9 Février 2 roses

16 Juillet 19 pilules

23 Juillet 20 pilules

26 Juillet 22 pilules

1887 11 Janvier 1 rose

25 Janvier Dématérialisation d’un anneau

1 Février Rematérialisation d’un anneau

12 Avril 2 pierres lancées à la figure

20 Décembre 7 violettes

1888 17 Janvier 1 branche de réséda, 1 oeillet, 1 tige de myrte

Juin Lettres à Mme F.

31 Juillet 2 roses, 3 œillets

1889 11 Février Moulage d’une main en paraffine

14 Mai 1 Œillet

1890 6 Mai 2 roses rouges


Spiritisme expérimental

Souvenir du Groupe Espérance

Ce petit groupe pour l’étude des phénomènes du Spiritisme, se créa de lui-même, par la réunion fortuite de quelques amis, le 21 mars 1910. Cette première séance ayant donné d’heureux résultats, fut renouvelée le lundi suivant. Depuis, nous avons continué, chaque semaine, avec une assiduité constante et un intérêt toujours croissant.

Lorsque nous voulûmes donner un nom à notre nouveau groupe, nous ne savions lequel prendre ; nos guides se chargèrent de ce soin en le dénommant : groupe Espérance et en nous promettant de le justifier.

Sur leur conseil également, pour éviter les écueils qui avaient autrefois entravé les travaux du groupe Amitié, et si souvent paralysé nos efforts, il fut convenu que notre groupe serait rigoureusement fermé et que nul n’y serait admis sans l’autorisation préalable de nos guides ; et cela pour arriver plus sûrement à l’harmonie fluidique, indispensable à la production des phénomènes transcendants du Spiritisme.

A côté de cette règle de conduite à laquelle aucune infraction ne fut jamais faite, il en est une autre que nous respectons aussi scrupuleusement. Nos séances sont toujours ouvertes par une prière à Dieu et un appel à nos guides.

Il n’est jamais fait d’évocation spéciale de tel ou tel Esprit ; nous acceptons tous ceux qui se présentent, soit pour recevoir ou discuter leurs conseils, soit pour leur venir en aide, quand la chose est en notre pouvoir ; mais nous n’insistons jamais auprès de n’importe quel Esprit pour qu’il réponde à notre appel.

Les réunions ont lieu dans une pièce de mon appartement, à la clarté d’un bec Auer n° 2, ou à la lumière d’un autre bec de même grosseur garni d’un globe rouge[2]. Le cabinet est dans l’angle droit, du côté opposé à la porte unique qui est toujours fermée pendant les séances ; il est formé d’une étoffe en reps rouge, suspendue à une tringle en fer, et lorsque nous formons la chaîne, le médium est enfermé dans son coin et n’en peut sortir. La lumière rouge est toujours suffisante pour permettre tout contrôle et voir l’heure à une montre. Pour plus de sécurité comme aussi pour favoriser la production des phénomènes, le médium, Mlle Bedette[3], est toujours mis en somnambulisme, par moi, au début de chaque séance ; c’est dans cet état de sommeil, qui dure jusqu’à la fin de la réunion, que les phénomènes se produisent.

Lorsque, pour mieux condenser les fluides ou réunir plus de forces, nos guides nous demandent de chanter, nous le faisons sur l’air de Frère Jacques par l’évocation suivante :

- Chères âmes, parmi nous, en célestes flammes, montrez-vous.

- De vos fluides, aidez-nous, à nos yeux bons guides, montrez-vous.

L’air ou les paroles n’ont aucune importance, mais ce qui en a une très grande, c’est la quantité de fluides qui se dégagent avec les paroles prononcées, quelles qu’elles soient, fluides dont nos guides disent avoir besoin pour produire les phénomènes.

Parmi les guides qui nous assistent, celui qui a pris la direction de nos séances s’est fait connaître sous le nom de Cyclamen ; il est pour tous, incarnés ou désincarnés, plein de sollicitude et a pour chacun des paroles d’encouragement. Il est secondé par l’Esprit Esther et par mon grand-père (qui se manifestait autrefois, au groupe Amitié, par des apports de fleurs), et par d’autres Esprits bienveillants et brillants qui gardent l’anonymat. A ceux-ci se sont joints d’autres Esprits venus à nous dans le trouble et la souffrance, et qui, leur situation s’étant améliorée ou éclairée, viennent aider nos guides de leur concours. Au nombre de ces derniers, Justin, le Grand-Vicaire, Mgr Servonnet et petite Jeanne avec eux, ne manquent pas une séance et tous se dépensent largement pour la bonne marche de nos travaux.

Justin, très souffrant, après une incarnation des plus douloureuses, était au début si tourmenté que je dus bien souvent mettre le médium en catalepsie pour en avoir raison. Peu à peu, à force de conseils, de prévenances, il est arrivé à une situation meilleure, il nous témoigne sa satisfaction en nous aidant de ses fluides, plutôt matériels. Il s’exprime mieux qu’au début, mais il a une façon à lui de tourner ses phrases, d’altérer les mots, qu’il fait qu’il faut être habitué à l’entendre pour bien le comprendre, il faut parfois même deviner sa pensée. Il n’est pas académicien, nous dit-il bien souvent, il n’a pas tous ses tiroirs garnis dans sa tête ; mais, en revanche, il est maintenant plein de bonne volonté et de dévouement. En plus de cela, il a une faculté d’observation remarquable ; il nous rend compte de tout ce qu’il voit dans le cabinet, pendant la séance rouge, et il est bien peiné quand il a vu quelque chose qu’on lui défend de dire, ce qui arrive quelquefois, parce que Cyclamen lui reproche d’être trop bavard, nous dit-il.

Le Grand-Vicaire, au contraire, s’exprime très facilement et très correctement, émaillant ses discours de citations latines dont il nous donne la traduction, car aucun de nous et le médium moins que tout autre, ne saurait ce qu’il veut dire. Il fut au début très hostile à nos études ; autoritaire, arrogant, il ne nous cachait pas qu’il venait pour nous combattre, car nous étions, disait-il, des suppôts de Satan, des ennemis de l’Eglise ; il voulait nous empêcher de poursuivre nos « incantations démoniaques ». Comme il ne se dérobait pas à la discussion, la soutenait, au contraire, et souvent la provoquait, nous avons pu l’ébranler d’abord, puis l’intéresser à ns travaux. Esprit chercheur et très ouvert, il s’est rendu à l’évidence et, au lieu de nous contrecarrer, comme il en avait d’abord l’intention, il est devenu, pour nous, un aide très utile et très assidu, un travailleur infatigable, prenant une large part à tous nos travaux de matérialisation qu’il poursuit et exécute sous le contrôle de Cyclamen ; ses communications et ses discours sont parfois des réponses péremptoires, à la prétention de l’Eglise romaine d’attribuer au démon la production des phénomènes spirites. Le Grand-Vicaire dirige la marche des phénomènes dans notre groupe et se défend d’avoir rien de commun avec Satan. Il nous recommande de prier du cœur et non des lèvres ; il nous a même dicté une prière capable de mettre tous les diables en déroute, s’il en existait au sens que l’Eglise leur attribue. Nous reviendrons par la suite avec lui sur ce sujet.

Jusqu’à présent, le Grand-Vicaire nous a refusé, pour des raisons de famille, de nous faire connaître son état civil ; cependant il nous a promis de signer de ses noms, prénoms, titres et qualités, certain rapport qu’il fera sur les travaux dont il s’est occupé, phénomènes étranges et cependant très réels, et qui sont la partie la plus importante de cette étude.

Par la médiumnité de Mlle Bedette, nous avons eu, non seulement les dictées en latin du Grand-Vicaire, mais des communications en anglais, d’un Esprit se donnant pour William James, lequel nous a promis, pour plus tard, une collaboration plus active, quand le médium sera plus souple à la manifestation et qu’il pourra plus facilement traduire sa pensée. Nous en avons eu aussi en écriture Braille et par les signes de l’alphabet des sourds et muets. Comme personne parmi nous ne connaît le latin, l’anglais, la mimique de l’abbé de l’Epée, il ne saurait y avoir dans ces manifestations ni suggestions, ni productions subconscientes, car aucun de nous et, je le répète, le médium moins que tout autre, ne saurait s’exprimer dans l’une ou l’autre langue, et encore moins en donner une traduction.

Nous avons vu cependant, le Grand-Vicaire traduire en français et ses orémus et les demandes en anglais de William James et un jeune sourd-muet s’exprimer par des signes puis, sur ma demande écrite, nous répondre par l’écriture. Par le médium entrancé, un aveugle est aussi venu se manifester. Nous ne comprenions pas ce qu’il demandait en faisant des signes pour piquer un papier ; puis, lorsque je me suis rendu compte de son désir, je lui ai remis une planchette de Braille par laquelle il a pu dire ce qu’il voulait, et, par ce moyen aussi, j’ai pu lui répondre, ce dont tout autre parmi nous eut été incapable.

Un dernier mot pour terminer ce trop long préambule, et signaler une particularité donnant un attrait de plus à nos réunions. A chaque manifestation qui se produit, la figure du médium prend une expression différente, son langage se modifie, tantôt vif ou lent, bref, autoritaire ou plein de bonhomie et de persuasion. Chaque fois que le même Esprit se manifeste, il revient sous le même aspect, avec le même ton, mêmes gestes, de sorte qu’avant qu’il se soit nommé, nous savons, par le jeu du visage, à qui nous avons à faire.

Nous pouvons maintenant aborder l’exposé des phénomènes, sur lesquels nous croyons devoir attirer l’attention de nos adeptes. Tout d’abord quelques preuves d’identité qui nous paraissent pouvoir retenir l’attention des chercheurs, et ensuite la marche, séance par séance, de ce beau travail qui a consisté à réunir et condenser des fluides dans une forme déterminée, puis à les matérialiser, non pas seulement d’une manière provisoire, mais définitivement, en des objets qui restent entre nos mains.


Mgr Servonnet

Le juillet 1911. Le Grand-Vicaire nous exprime sa satisfaction, pour le bien moral que, dit-il, nous lui avons fait. Il nous demande la permission de nous amener un de ses amis, qui a besoin d’être éclairé sur sa situation actuelle ; de ne pas nous offusquer, si c’est un prêtre qu’il nous recommande, car c’est un caractère très élevé, très digne, et nous ferons une bonne action en le recevant parmi nous.

On se demandera pourquoi ces prêtres, qui nous étaient inconnus, sont venus dans notre milieu où rien ne devait les attirer. En voici les motifs : Le 8 décembre est à Lyon une grande fête cléricale ; ce soir-là, en 1909, en nous rendant à notre réunion, ma fille et moi, nous fûmes témoins de l’embrasement général de toute la colline de Fourvière, et ma fille me fit cette réflexion : si tout l’argent de ces illuminations était donné aux malheureux, il serait bien plus utilement employé. Nous continuons notre route en causant sur le même sujet. Arrivés chez Mme M…, où nous nous rendions, nous causons encore des illuminations ; puis, je mets Bedette en somnambulisme et la séance commence par la manifestation d’un prêtre, qui nous nargue du beau succès de la fête. Après celui-ci, un second ; puis un troisième qui nous dit être séminariste ; il cherche, il ne sait pas où il est ; il nous demande de lui venir en aide, puis, soudain, il pousse cette exclamation : «  Le Grand-Vicaire » et il se sauve. Ce fut la première visite, peu courtoise ce soir-là, de ce personnage, devenu par la suite notre grand ami Justin disait alors : «  Mais c’est la cure de la paroisse ici, il n’y a que des soutanes dans cette maison. »

A la séance, chez moi, du 25 juillet 1911, le Grand-Vicaire nous annonce son ami. Il se nomme Servonnet, nous dit-il, il est mort le 19 octobre 1909, à l’âge de 79 ans, il était chevalier de la Légion d’honneur et archevêque de Bourges, après avoir été évêque de Dijon.

La manifestation se produit et ce personnage dont nous n’avons jamais entendu parler, se montre très doux, très affable et conciliant, il écoute avec attention, répond à nos demandes, nous interroge sur les points qu’il n’a pas bien saisis, puis il nous remercie en nous disant qu’il serait bien aise que nous lui permettions de revenir.

Il revient, en effet, le 8 août et nous informe qu’il se nomme bien Servonnet, il est né vers 1831, à Saint-Pierre-de-Bressieux, en Isère. Il fut nommé évêque de Digne, il est mort le 18 octobre 1909, archevêque de Bourges. Il était, détail peu important dit-il, membre de l’Académie de Grenoble.

Le Grand-Vicaire nous avait indiqué la date du 19 octobre, l’évêché de Dijon, la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Mgr Servonnet nous disait, le 18 octobre, évêché de Digne et ne parlait pas de décoration. Qui avait raison ?

Pour le savoir, je m’adressais à la mairie de Bourges et à l’évêché de cette ville. La mairie me répondit n’avoir aucun renseignement à me donner sur ce personnage, et me conseilla de porter ma demande à l’évêché si je tenais à être renseigné. L’évêché me fit parvenir une lettre de décès sur laquelle il était dit que : S. G. Monseigneur Pierre-Paul Servonnet, archevêque de Bourges, Primat d’Aquitaine, était décédé dans la 79e année de son âge, le 19 octobre 1909. Mais dans les autres papiers que je reçus, il n’était question ni de la croix de chevalier, ni de l’évêché où il fut nommé. Mes démarches, pour éclairer ces deux points, restaient sans résultat. Je fis encore des recherches dans l’Almanach de la Croix, 1910, 1911. L’Almanach ne portait même pas à la connaissance des fidèles, le décès de ce prélat ; un certain nombre d’autres y figurent avec une courte biographie. Mgr Servonnet a été oublié. Je n’aurais jamais su comment élucider ces deux points, si le hasard, ce protecteur des patients, ne m’était venu en aide. Voici comment : Un de mes clients ayant un colis à me remettre, l’enveloppa d’un vieux journal que je mis dans ma balle à papier sans autre destination que le fourneau ; mais au moment d’y mettre le feu, ma fille le regarde, le parcourt et ses yeux tombent sur un article nécrologique en date du 19 octobre 1909 dans lequel il était dit que Mgr Servonnet est né à Saint Pierre de Bressuire, Isère, le 14 décembre 1830, qu’il fut sacré à Lyon, évêque de Digne, le 25 juillet 1889, qu’il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur, comme aumônier militaire pour sa belle conduite, pendant la campagne de 1870. Il rendit sa croix au moment de l’application des décrets contre les congrégations.

Tous ces détails étaient inconnus de nous tous et ne nous auraient été d’aucun intérêt si nous n’avions pas eu à vérifier les assertions du Grand-Vicaire et de son ami Servonnet devenu aussi notre grand ami et qui vient très souvent nous donner de bons conseils et des encouragements.

Le 4 décembre 1911. Mgr Servonnet vient nous exprimer la joie qu’il éprouve d’avoir trouvé la vérité, il nous remercie de l’aide que nous lui avons prêtée, il s’associe à tous nos travaux et nous aide de tout son pouvoir ; plus tard, il nous donnera un aperçu de ses occupations dans l’au-delà.

Le 4 janvier 1912. Il nous présente ses souhaits de nouvel an et il ajoute : «  Soyez bien pénétrés de l’affection qu’ont pour vous vos frères spirituels. Les peines sont nécessaires et aident à progresser, demandez à vos amis, non de les détourner de vous, mais d’en retirer le plus grand profit. »

Le 5 février 1912. Mgr Servonnet nous fait une causerie de nos devoirs ici-bas et les joies de l’au-delà. Le 12 mars, il nous fait les déclarations suivantes : « Je suis toujours enchanté de suivre vos réunions et de constater que chaque séance apporte son petit progrès. Je voudrais, moi-aussi, vous donner quelque chose, mais vos amis ont des moyens particuliers de mieux vous servir. J’assiste avec intérêt à chacune de vos séances ; je voudrais vous parler de ma vie, qui diffère probablement beaucoup de celle des Esprits qui se communiquent à vous. Je connaissais le Spiritisme, ses bons conseils, ses bons effets, et, tout en recevant les derniers sacrements de l’Eglise, j’ai appelé à moi toute la hiérarchie céleste, et, au dernier moment, un Esprit s’est penché vers moi et m’a dit : «  Pars en paix. » Un ami qui vit encore m’a demandé ce que j’avais ? Je lui ai dit. « C’est pour moi. » et je suis mort. Aussitôt, j’ai ressenti une douceur infinie, une réelle béatitude me pénétrer et s’emparer de moi. Je vous souhaite à tous d’être, à vos derniers moments, assisté comme je l’ai été.

Le Grand-Vicaire nous a encore amené un autre prélat de leurs amis, mais celui-ci n’a rien voulu savoir, il croyait à l’Eglise, il était en purgatoire avant de gagner le ciel. Il n’est pas revenu.


Mademoiselle Victorine G…

Le cas de Mademoiselle Victorine G… mérite d’être signalé, le voici :

Nous avions soigné par le magnétisme, à distance, une jeune personne de ce nom. Seul, je la connaissais, ainsi que sa famille, et savais où elle habitait. Je la vis pour la dernière fois, la veille de sa mort, et bien que la sachant perdue, je n’avais pas remarqué qu’elle fût plus fatiguée ; elle me parût même moins abattue. Le lendemain de cette visite, Melle Bedette, étant venue me voir, me dit en partant : « Je vais à tel endroit ». Puis, dans la rue, et sans savoir pourquoi, elle prend une direction opposée. A cent mètres de là, elle descend de voiture, pénètre dans une allée, traverse une cour et elle monte au 3e étage, dans une maison où elle ne connaît personne et où elle n’a rien à faire. Elle revient à elle au moment où elle allait tirer la sonnette pour se faire ouvrir. Honteuse de se trouver là, sans savoir ni pourquoi ni comment elle y était venue, elle se hâta de regagner la rue et, toute troublée, de rentrer chez sa patronne.

Le lendemain elle me fit part de cette fugue, ne sachant à quelle cause l’attribuer. Je la mis en somnambulisme et lui dit. «  Voyez ce qui s’est passé hier et donnez m’en l’explication. - Je vois dit-elle, c’est Melle Victorine qui est morte hier pendant que j’étais chez vous, elle est venue vous en informer, puis elle m’a prise en possession pour rentrer chez elle. - Elle n’est pas morte dis-je, je l’ai vue hier soir, elle semblait même aller mieux. - Elle est morte hier, pendant que j’étais chez vous ; vous trouverez, ce soir en rentrant, une lettre de faire-part dans votre boîte. » C’était bien exact, la pauvre malade avait fini de souffrir.

A quelques temps de là, un Esprit se manifeste par Melle Bedette, et nous dit : «  Je suis Marie-Louise. - Quelle Marie-louise ? Je ne connais personne qui porte ces prénoms. - Mais si, vous me connaissez bien, Marie-Louise G…, Victorine n’était pas mon prénom, bien qu’on ne me donnât que celui-là. Je suis inscrite à la mairie sous le nom de Marie-Louise G…, c’est à l’église qu’on m’a appelée Victorine. » Puis elle nous remercie de ce que nous avons fait pour elle et quitte le médium.

Après son départ, Melle Bedette toujours en somnambulisme, semble en proie à une vive terreur ; elle se remue et fait tous ses efforts pour chasser de son corps quelque chose qui la tourmente et l’effraie. «  Qu’avez-vous ? Lui dis-je. - Comment, vous ne voyez pas toutes ces bêtes qui me courent sur le corps et semblent vouloir me dévorer ? » Je fis disparaître promptement par des passes magnétiques ce lugubre souvenir et, dès le lendemain, je m’informai auprès de la sœur de Melle Victorine quel était son vrai prénom. Voici sa réponse : «  Lorsqu’elle vint au monde, une sœur à papa devait être sa marraine ; elle fut déclarée à la mairie Marie-Louise, mais ma tante, subitement malade, ne put venir ; ce fut une sœur à maman qui la remplaça à l’église, et qui voulut qu’on lui donnât son nom, Victorine. Ma première tante étant morte, nous avons toujours appelé ma sœur Victorine, et sur les lettres de décès, nous n’avons pas porté les noms de Marie-Louise parce que personne, parmi nos connaissances, ne lui savait ces prénoms là. »

Je ferai remarquer que personne parmi nous ne pouvait, ni connaître, ni soupçonner, cette particularité ; d’ailleurs j’étais seul en relation avec la famille de Melle Victorine, et je ne la connaissais que sous ce nom. Le médium qui ne l’a jamais vue pouvait, moins que tout autre, le deviner ; on ne peut dons attribuer ce cas, ni à la subjection, ni au subconscient. Si Marie-Louise s’est présentée sous ces prénoms qui étaient les siens, c’est donc bien elle qui est venue nous révéler la chose, et donner ainsi une preuve probante de son identité et de sa survivance dans le monde de l’au-delà.

Origine de la bague

Mme Ch…, étant fatiguée, vint me voir un dimanche matin pour se faire magnétiser. Pendant son sommeil, elle vit près de moi un Esprit qui me témoignait beaucoup de sympathie et lui montrait une bague avec trois pierres, pour se faire connaître. J’eus beau chercher dans mes souvenirs je ne découvris pas qui ce pouvait être. Mme Ch… me dit alors : « Laissez-moi le souvenir de cette figure, je la reconnaîtrai car je crois l’avoir vu ici ». Je lui dis donc : « Souvenez-vous et réveillez-vous ». Alors tout en causant elle se mit à feuilleter un album qui était sur ma table. S’arrêtant devant une photographie elle me dit : « J’ai vu cette personne là quelque part. Et tenez je la vois maintenant là à côté de vous : la ressemblance est parfaite, elle me montre une bague et me dit que cette bague vous l’aviez trouvée dans la rue un jour que vous étiez ensemble et que vous la lui aviez donnée. - Ce serait Esther alors. - Elle sourit. - Mais Esther n’est pas morte, elle est dans son pays. - Si elle est bien morte et elle voulait vous le faire savoir. - Elle est plus contente maintenant ; pensez quelquefois à elle. »

Je ne savais même pas qu’elle eut été malade, je n’appris qu’un an après officiellement qu’elle était bien morte et quelle avait été la cause de son décès. Ce fut en se montrant à côté de sa photographie que Mme Ch… pu l’identifier, qu’elle se fit reconnaître sans aucun doute possible car j’avais perdu tout souvenir du fait de cette bague qui me reportait quelques années en arrière.


Collomb, la Fée St-Jean, le Facteur

Voici un cas, non solutionné, mais que je crois devoir relater, en raison de la promesse que j’ai faite à ce malheureux Collomb, qui vint à nous, le 8 août 1910 et nous dit sans autre préambule : « Je me nomme Collomb, je me suis engagé dans l’infanterie de marine, à Toulon. Etant venu en permission à Lyon et trompé par l’obscurité, je suis tombé dans la Saône et me suis noyé, mais c’est un accident et non un suicide. Je ne veux pas qu’on dise que je me suis suicidé, ce n’est pas vrai. »

Je lui demande d’autres renseignements sur son état civil, mais il est sous l’impression de l’asphyxie par immersion, il ne peut répondre et me promet de revenir.

Il revient, en effet, le 10 avril 1911 et nous dicte, au verre d’eau :

« Voici quelques renseignements, à peu près exacts, sur ma personnalité : je m’appelais Marius-Joseph Collomb, né à Belmont, canton du Grand-Lemps, j’étais engagé au 4e d’infanterie coloniale ; mon frère était, au moment de ma mort, maire de Belmont, mon pays… papiers perdus envoyés à lui… perdus par moi à Lyon… envoyés à frère… prouvaient identité corps… Explications plus nettes… suite… peux plus… »

Je lui demande alors de revenir quand il pourra pour nous donner son matricule les dates de sa naissance et de sa mort ; il le promet, mais n’est pas venu nous tenir sa promesse. Je lui tiens la mienne et j’ajoute que toutes mes démarches pour avoir la confirmation des renseignements ci-dessus sont restées sans effet.

La fée St-Jean est aussi une personnalité singulière et qui mérite de nous retenir un moment. Elle vint à nous sans y être sollicitée, à la fin de la séance du 4 juillet 1910. Le médium prit un aspect vieillot, ratatiné, se moucha, simula de prendre une prise de tabac, ajusta des lunettes fictives sur son nez, puis nous demanda un jeu de cartes : elle allait nous dire la bonne aventure. Elle fait tirer une carte à chacun d’entre nous, puis elle prend elle-même une carte pour chaque membre présent, et après avoir mis à côté de ma carte celle qu’elle a tirée pour moi, elle en fait autant pour chacun de nous et nous annonce, au passage, de menus faits qui se réaliseront dans la semaine.

Une autre fois, après avoir fait tirer les cartes en recommandant de ne pas les regarder, elle tire elle-même autant de cartes qu’il y a de présents et elle les étale vues de dos ; puis, sans regarder les cartes qu’elle a pour chacun, ni celles qui ont été tirées, elle dit exactement : « Vous avez telle carte, moi telle autre ; vous verrez, ceci ou cela, cette semaine ».

A la séance du 21 novembre 1910, elle voulut nous montrer tout son talent. Je relève, au procès-verbal de ce jour : la fée St-Jean se manifeste, elle ajuste ses lunettes, prend une prise puis, demande un verre d’eau, un bol, une fourchette, une assiette et un œuf. Lorsqu’elle a tout cela, délicatement elle casse l’œuf, sépare adroitement le blanc du jaune ; elle met le jaune dans l’assiette et le blanc dans le bol avec de l’eau magnétisée ; ensuite elle bat le tout un moment, puis elle raconte, à chacun de nous, sa petite histoire. De l’avis de nos amis, ses prédictions étaient assez exactes, mais je ne saurais le garantir, n’ayant attaché pour ma part, aucune importance à ce qu’elle nous prédisait, des envois de lettres, des visites, des contrariétés, de bons dîners et maintes choses sans conséquences, qui n’avaient pour but, me disait Cyclamen, que de nous reposer et distraire un peu les membres du groupe ; et je dois convenir que nos amis prenaient un réel plaisir à l’écouter. Mais le médium ne lui cédait sa place qu’à regret, et ses visites allèrent en s’espaçant, jusqu’au jour où le facteur vint prendre sa place.

Nous avons su depuis qu’elle avait habité au n°19 de la rue St-Jean, et que c’était une tireuse de cartes renommée ; ainsi ses clientes l’avaient dénommée la fée St-Jean, nom sous lequel, sans y être sollicitée, elle vint à nous.

Avec le facteur, nouvelle personnalité originale. Lorsqu’il vint à nous pour la première fois, le médium prit un aspect réjoui, et, c’est en chantant que, le 11 octobre 1911, il nous aborda avec les paroles suivantes :

Je suis le petit Pierre

Du faubourg St-Marceau,

Et comme à l’ordinaire,

Facteur et porteur d’eau.

C’était un jovial compagnon, un peu gavroche, mais plein de bonnes intentions et de réparties heureuses ; il disait quelques mots à chacun de nous, et ce qu’il annonçait arrivait très souvent.

Un soir, le facteur me dit : «  Tiens, vous allez avoir une visite ; c’est une personne que vous ne connaissez pas, une dame âgée déjà, une belle prestance et des cheveux blancs ; elle vient vous causer du Spiritisme. Elle sera accompagnée par un monsieur que vous ne connaissez pas non plus. C’est un professeur ; il s’occupe un peu de Spiritisme, mais pas très convaincu. Ne vous en inquiétez pas. Quand ils viendront, vous les verrez. »

Trois semaines plus tard, je recevais la visite de Mme Barchou, qui venait m’informer qu’elle avait l’intention de faire, à Lyon, une conférence publique sur le Spiritisme et elle me priait d’y assister. Mme Barchou était accompagnée par le professeur Rossigneux, traducteur de l’ouvrage de Lombroso, sur le Spiritisme ; effectivement jusqu’alors je ne connaissais ni l’un ni l’autre, mais depuis, je suis très heureux des rapports établis entre nous.


La bague de Bedette

Si, au groupe Amitié, nous avons été favorisés par des apports de fleurs de toutes natures, au groupe Espérance, ce sont des phénomènes d’un autre ordre, mais non moins intéressants, qu’il nous été donné de constater. Au lieu de pilules confectionnées par nos guides du premier groupe et prises dans les fluides, c’est à la création d’une bague à laquelle nous allons d’abord assister et c’est un de nos guides, Esther, qui l’a offerte à Bedette pour lui témoigner la sympathie qu’elle avait pour elle. Elle a été faite presque sous nos yeux par Esther et de concert avec le Grand-Vicaire, l’ami Justin et tous nos amis de l’espace. Tous ont travaillé de leur mieux, pour réunir les éléments fluidiques, les condenser, les façonner et les matérialiser. Ce n’est donc pas d’un simple apport dont nous allons voir se dérouler la genèse, mais une création fluidique à laquelle nous allons assister et dont nous allons suivre la formation, l’évolution et la matérialisation.

Pour mieux nous rendre compte de cet intéressant travail, nous l’examinerons, pas à pas, par les extraits de notre livre de rapports ayant trait à la production de ce phénomène ; nous assisterons ainsi à toutes les phases de son évolution, séance par séance, en attendant son explication par le compte-rendu que le Grand-Vicaire a promis de signer de ses noms, prénoms, titres et qualités. Ce compte-rendu viendra ensuite confirmer, contrôler et compléter les observations que nous avons nous-mêmes consignées au procès-verbal de chaque séance. Il fut lui-même établi au cours de la séance par un membre du groupe, Melle Victorine, et il renferme, au jour le jour, les réflexions, avis ou conseils donnés par nos guides, ou par le médium, au sujet des péripéties de la production du phénomène.

Lorsque le Grand-Vicaire vint à nous, comme je l’ai indiqué, il s’était montré très hostile à nos travaux ; il voulait tout entraver, tout bouleverser ; mais par la suite, il finit par s’y intéresser, voulut nous aider et devint la cheville ouvrière de tous les phénomènes observés.

Nous poursuivions toutes les manifestations possibles, mais sans but déterminé et sans savoir dans quelle voie nous devions aiguiller nos recherches. Le 9 juillet 1911, le Grand-Vicaire nous dit qu’il étudie très sérieusement. Le travail des matérialisations l’intéresse. Il nous fera, plus tard, part de ses observations. Esther montre à Bedette un objet qu’elle lui donnera bientôt.

Le 24 juillet, Melle Bedette dit qu’elle a vu beaucoup de fluides brillants, qu’on lui a fait mal au doigt annulaire.

Le 31 juillet, Esther se montre au médium, elle tient à la main un objet brillant, ayant la forme d’un œuf. Il renferme le présent qu’elle veut lui offrir.

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Pour bien spécifier dans quelles conditions nos phénomènes se sont produits, je crois devoir rappeler qu’au début de chaque séance le médium est toujours mis, par moi, en somnambulisme lucide ; il reste dans ce sommeil magnétique pendant tout le cours de la réunion ; je ne le réveille que lorsque tout est fini ; mais avant je m’assure toujours qu’il n’éprouve aucune fatigue, aucun malaise et se sente parfaitement bien. C’est pendant ce sommeil, à la lumière rouge ou blanche, que les phénomènes se sont produits. Si je mets le médium en somnambulisme, c’est pour mieux ménager ses forces et pouvoir affirmer, avec plus d’autorité, l’authenticité des phénomènes produits. J’ai été mis en garde dès le début de mes recherches contre les fraudes possibles, volontaires ou non, et je tiens avant tout à ce qu’il ne s’en produise pas. Si nous voulons convaincre les autres de la réalité de ces phénomènes, il faut être d’abord, absolument convaincus, certains nous-même de leur incontestable réalité ; tel est mon cas pour ce que j’ai vu et constaté au groupe Amitié comme au groupe Espérance. Ceci bien établi, je poursuis les citations de passages de notre livre de rapports.

Le 21 août 1911, Esther met dans la main du médium un globe brillant, gros comme un œuf. Le contenu lui paraît brûlant : elle voit beaucoup de fluides, beaucoup de forces.

Le 28 août, la boule que lui présente Esther est plus condensée, moins brûlante.

Le 4 septembre, le médium se plaint que l’annulaire de la main droite lui fait mal. On la brûle.

Le12 septembre, Bedette étant en somnambulisme, Cyclamen vient nous dire qu’il espère donner bientôt, peut-être ce soir, peut-être lundi prochain, ce qu’il a promis ; la bague que le Grand-Vicaire et Esther ont confectionnée pour le médium.

Le 14 septembre, Cyclamen nous prévient que la bague qu’on va nous donner n’est pas un joyau de prix ; c’est un souvenir de nos amis au médium. Cette bague sera trop étroite et ne sera pas finie, on la terminera et on l’élargira par la suite ; il n’y aura qu’une pierre au lieu de trois qu’elle doit avoir, les autres seront mises en place plus tard, en séance.

Le 18 septembre, le médium étant dans le cabinet, le Grand-Vicaire le fait coucher sur un tapis de fourrure, puis il cède la place à Esther qui matérialise au doigt de Bedette l’anneau promis. Pendant ce temps le médium est en catalepsie complète ; il profère quelques plaintes et des mots inarticulés. Je fais cesser la catalepsie et remettre le médium dans son fauteuil, et, à notre grande satisfaction, nous voyons briller à son doigt les feux du diamant qui orne le centre de la bague. Celle-ci nous paraît en or. La pierre brillante est montée sur des griffes en platine ; de chaque coté, sur les branches de la bague, se trouve marquée la place où les deux pierres qui manquent seront ajoutées par la suite.

Le médium est étourdi ; il ne se rend pas bien compte de ce qui vient de lui arriver. La bague est trop petite et lui fait mal au doigt ; nos amis nous en avaient prévenus et l’on voulu ainsi pour donner une preuve plus certaine que ce travail est bien leur œuvre. L’anneau présente à l’intérieur une rayure qui laissera supposer qu’il a été formé d’une feuille de métal de 4 millimètres de large dont les bords extérieurs auraient été réunis en dedans avant d’être enroulés autour du doigt du médium.

Cyclamen se manifeste et nous témoigne toute la joie de nos amis de l’au-delà d’avoir pu obtenir ce résultat ; il nous remercie du concours que nous leur avons apporté. Il me dit aussi de savonner le doigt du médium et de le masser pour retirer la bague sans forcer, car je pourrais la casser. Petite Jeanne vient aussi nous témoigner sa satisfaction. «  Ce n’est pas en vain, nous dit-elle, que nos amis ont voulu que votre groupe prît le nom de groupe Espérance ; il doit justifier son nom, et vous devez toujours espérer et bien prier pour la France.» Chaque fois que cet Esprit se manifeste, il est à cheval et demande de prier pour la France.

Esther nous dit ensuite combien elle est heureuse d’avoir réussi à combler nos désirs. A. K… nous dit : « Tous vos amis sont dans la joie… je vous bénis. »

Tous les membres du groupe signent le compte-rendu.

Mlles Victorine R…, Angèle M…, Mmes Magdeleine L…, Marie D…, Cavalier ; M. Mardon Maurice, M. Sausse Henri et Bedette aussi.

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Le 2 octobre 1911, Mlle Bedette étant debout dans le cabinet, je tiens dans la mienne sa main droite, elle se plaint que son bras gauche est mis en catalepsie derrière son dos. J’en constate la rigidité et, alors que je tiens dans ma main gauche les quatre doigts de la main droite, elle dit qu’on lui enlève sa bague qui était à la main gauche ; elle est ensuite placée au petit doigt de la main droite, que je n’ai pas lâchée un seul instant ; je ne me suis rendu compte d’aucun mouvement du médium. Lorsque Bedette sort du cabinet, sa main droite dans la mienne, nous constatons que la bague est au petit doigt et son bras gauche toujours en catalepsie.

Le 9 octobre, Bedette voit ses amis accumuler sur la bague des fluides bleus et rouges qui s’y déposent, comme de légers rubans.

Le samedi 14 octobre 1911, Cyclamen me demande comment je veux les pierres de la bague : bleues ou vertes ? Je lui réponds : « Comme vous voudrez, mais il serait plus original qu’il y ait une bleue et une verte. »

A dater de ce jour, la bague mise dans un écrin, n’a pas quitté mon logement. Je ne la remets au médium qu’au moment de le mettre en somnambulisme et après que chacun de nous a constaté qu’elle n’a subi aucune modification.

Le 16 octobre, à la lumière rouge, Bedette entre dans le cabinet ; elle s’assoie sur le tapis, puis elle se plaint d’une vive brûlure au doigt où est la bague. Un instant après elle proteste qu’on lui enlève la bague ; elle veut qu’on la lui rende. Lorsque nous revenons à la lumière blanche, elle est en catalepsie et continue à réclamer sa bague. Nous la voyons alors briller sur le marbre de la cheminée ; on la lui rend. Si elle lui a été enlevée, c’est pour éviter une brûlure que le travail de ce soir aurait rendue plus cuisante.

Le 20 novembre, lorsque Mlle Bedette entre dans le cabinet pour le travail de la bague, Esther a la grandeur d’une personne de taille ordinaire ; puis elle la voit se rapetisser à mesure que les fluides qui se dégagent d’elle se concentrent sur la bague.

Le 26 novembre, pendant le travail des fluides, Bedette nous dit voir un Esprit s’approcher de la bague avec des petites pinces très brillantes. Elle a vu aussi les deux pierres que nos amis veulent sertir pour compléter la bague : l’une est bleu, l’autre verte.


La Prière du Grand-Vicaire

Depuis que le Grand-Vicaire s’occupe activement de nos phénomènes, il nous recommande souvent de bien prier, de prier avec ferveur et lui-même, après avoir répété la prière que nous faisons en commun au début de la séance, y ajoute des Orémus en latin. Nous lui avons plusieurs fois demandé de nous dicter le texte de sa prière et la traduction en français.

Le 4 décembre 1911, le Grand-Vicaire cède à notre demande ; il dicte la prière ci-après dont il donne le texte latin d’abord, la traduction ensuite ; il nous demande d’ajouter l’Orémus à notre prière habituelle.

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Il serait intéressant de savoir si l’église romaine trouve dans cette prière une influence satanique ? Si, dans tous les cas, le diable peut s’exprimer, ainsi on conviendra que notre Grand-Vicaire est un bon diable qui nous réserve encore de pieuses surprises.

Cela n’empêche pas que j’étais très perplexe sur la valeur de ma prière en latin et sur sa traduction que je ne pouvais contrôler ni personne dans notre groupe. Je ne savais à qui en demander la traduction lorsque nos amis de l’espace m’amenèrent le traducteur que je cherchais en la personne de M. Rossigneux, dont j’ai déjà parlé. Je lui montrais d’abord le texte latin. «  Oh ! Me dit-il, c’est du latin de cuisine ; c’est un prêtre qui a dû dicter cela, mais les mots sont mal assemblés ; la traduction est bonne, mais elle sent le séminaire ; je ne l’aurais pas faite ainsi. » - «  En effet lui dis-je, c’est un Grand-Vicaire qui a dicté cela à un médium ; celui-ci ne connaît pas plus le latin que moi, c’est-à-dire qu’il est incapable d’en écrire, à la dictée, une seule phrase correctement. En ce cas, c’est parfait, texte et traduction sont bien le fait d’un prêtre. »

Je ne pouvais désirer une réponse plus concluante, une confirmation plus précise et plus autorisée ; M. Rossigneux est professeur de latin et de grec et préparateur aux grandes écoles.

Le 11 décembre 1911, le Grand-Vicaire, pendant le travail des fluides, nous demande si nous voulons chanter avec lui le Veni Creator ; sur notre réponse que nous ne le savons pas, il le chante seul par la voix du médium en trance. Il se déclare satisfait du travail qui sera bientôt terminé.

Esther aussi est satisfaite ; elle a toutes prêtes les deux pierres qui sont à point. S’ils pouvaient emporter la bague, ils nous la rendraient finie à la prochaine séance. Mais ils préfèrent y mettre plus de temps et terminer le travail ici, sans la reprendre.

Le 26 décembre 1911, le Grand-Vicaire chante à nouveau le Veni Creator et nous fait espérer, pour bientôt, le résultat final. Il est heureux de prendre part à nos travaux avec son ami Servonnet et de constater qu’il n y a rien de diabolique dans nos recherches. Elles l’intéressent beaucoup ; il nous engage à rester toujours bien unis et confiants.

Bedette se plaint qu’on lui brûle la main dans le cabinet et que les forces fluidiques manquent pour pouvoir terminer le travail. Justin nous dit : «  j’ai bien fluidiqué, et le grand y soufflait ; malheur ! Mais les fluidiques y manquaient. »

Chacun de nous a donc fait ce qu’il a pu ; patience et persévérance, nous en viendrons à bout quand même.


Tribulations et succès

Que sera 1912 pour nos travaux ? A quoi aboutiront nos efforts ? A des résultats heureux ou à des insuccès ? L’avenir nous l’apprendra ! Nos amis de l’Espace nous ont bien fait de riantes promesses ; pour justifier le nom de notre groupe, nous en poursuivons la réalisation avec la plus ferme espérance. Nous nous y emploierons de notre mieux, avec cette devise pour règle de conduite ; fais ce que dois, advienne que pourra.

Le 15 janvier 1912, le Grand-Vicaire espère finir bientôt son travail, mais il ne comprend pas pourquoi les pierres, qui sont formées et dures, se ramollissent tout à coup quand il veut les fixer sur la bague. Il étudiera la question et viendra lundi prochain nous donner, au verre d’eau, une communication sur ses idées nouvelles.

Le 12 février 1912, le Grand-Vicaire prend possession, pour le travail de la bague, à la lumière rouge. La bague, que chacun examine avant toutes les séances, est au doigt du médium telle que nous l’avons reçue. Le Grand-Vicaire déclare qu’un obstacle imprévu, entrave l’achèvement de la bague. Il proteste, se lamente, il est désolé. Tout le travail est perdu ; c’est tout à recommencer. Il n’avait pas prévu la difficulté qui se présente.

Je demande aux membres du groupe d’unir nos efforts, toute la puissance de nos désirs, de nos volontés, pour venir en aide à nos guides et leur donner les fluides matériels nécessaires pour achever le travail.

Le Grand-Vicaire dit : «  Il n’y a rien à faire comme cela, il faut emporter la bague. »

Nous continuons la chaîne, et reprenons notre chœur. Pendant ce temps, Bedette gémit ; puis elle pleure. Je sens son corps se raidir ; elle est en catalepsie complète. Après un moment de pénible silence, croyant que nos amis avaient échoué dans leur travail, je ramène la lumière blanche, et je relève le médium. Nous voyons alors la bague briller de nouveaux feux. Elle est terminée ??? Non, pas encore… Il manque une pierre… Mais la place est prête pour la recevoir.

La pierre verte a dû tomber, car nos guides affirment qu’elle y était. Ils nous disent de ne plus la chercher, ils l’ont reprise.

Nous demandons des explications sur les obstacles qui se sont présentés ; mais nos guides ne peuvent répondre. La prostration du médium est complète. Le Grand-Vicaire qui avait promis de chanter le Te Deum Laudamus pour célébrer la réussite de nos travaux n’en a pas le courage.

Après un moment de répit, Cyclamen se manifeste et affirme que la pierre verte existe et sera donnée à la prochaine séance. Les parties brillantes sont des poussières de pierre, mais non des reflets du simili-platine qu’ils ont employé. Un obstacle ne leur a pas permis de terminer la bague comme ils l’auraient voulu, mais ils sont bien contents qu’elle soit terminée ainsi ; ils nous remercient du concours que nous leur avons donné.

Le 13 février, Mlle Bedette étant venue se faire magnétiser, pendant son sommeil, Cyclamen me dit : «  La bague est à peu près terminée ; nous sommes très heureux mais se n’est pas ainsi qu’elle devait être finie. Les pierres devaient être posées sur les branches de la bague. Lorsque nous avons voulu y fixer les griffes pour les recevoir, le métal n’a pas été assez résistant pour les retenir et la soudure n’a pu se faire ; nous étions très ennuyés de ce fâcheux contre-temps lorsque le Grand-Vicaire pour ne pas perdre le fruit du travail fait et les forces accumulées, a tourné la difficulté en les plaçant en dehors sur les cotés. Pour cacher les éraflures faites pour mettre les griffes, nous avons pris un peu de la substance de la première pierre et nous l’avons parsemée sur la bague ; c’est ce qui lui donne ses reflets brillants.

La pierre verte sera mise en place à la prochaine séance ou remise dans la main du médium ; mais alors il faudra appuyer sur les griffes avec précaution pour ne pas les casser. Ne la donne pas non plus à un bijoutier, il la mettrait en pièce ; car telle qu’elle est, elle paraît solide, et cependant, elle est très fragile.

Ce n’est pas un bijou de prix, mais un souvenir ; les matériaux faits de fluides purs, n’ont pas la résistance de ceux qu’emploient les orfèvres. Il faut éviter de lui donner des chocs qui pourraient la briser. Il faudra bien recommander au médium de la porter seulement pendant les séances pour que, peu à peu, les fluides la durcissent et lui donnent plus de résistance. Tu ferais bien de la porter sur toi, dans son écrin, pour qu’elle se solidifie plus complètement au contact des fluides. Malgré leur éclat, les pierres sont de même provenance et n’ont pas de valeur commerciale.

Le 19 février, pendant la séance, la pierre verte qui complète la bague est mise dans la main du médium. En examinant la bague à la loupe, je constate qu’une des griffes est trop courte et n’offre pas un point d’appui suffisant.

Le 26 février, la bague étant au doigt du médium, la pierre dans un écrin sur la cheminée, le Grand-Vicaire prend possession et entre dans le cabinet. Je tiens la main gauche du médium dans la mienne, ma main droite étant en contact avec la chaîne des assistants, et le bras droit de Bedette est en catalepsie. Nous percevons alors, sortant du cabinet, des chocs légers pareils au bruit métallique que produit le mouvement d’un balancier de réveil, mais irréguliers. Le médium respire fortement pendant quelques instants, puis nous dit qu’on lui brûle le doigt.

A la lumière blanche «  Justin dit qu’il a bien fluidiqué dans le cabinet. Le Grand-Vicaire avait apporté un petit marteau et une paire de pincettes pour allonger les griffes. Il a vu Esther avec un collier de fluides autour du cou ; elle l’a donné au Grand-Vicaire, qui, avec ses pincettes et son marteau, l’a cogné sur les griffes après en avoir fait un fil d’or ».

Le 11 mars, à la lumière rouge, le médium entre dans le cabinet pour continuer le travail de la bague. Je tiens sa main gauche dans la mienne ; il dit qu’on lui a enlevé sa bague pour ne pas le brûler. Bedette la tient au bout des doigts de la main droite en sortant du cabinet. Je n’ai pas lâché sa main gauche un seul instant et nous avons de nouveau, tous, entendu les bruits métalliques.

Le 18 mars, après le dégagement et les chants à la lumière rouge, Mlle Bedette entre dans le cabinet pour le travail de la bague qui est au petit doigt de sa main droite. Cette main est en catalepsie, je tiens sa main gauche dans la mienne. Pendant ce temps nous percevons à nouveau les petits chocs dans le cabinet. Lorsque Bedette revient avec nous elle nous dit que les coups entendus étaient ceux portés sur les griffes pour les allonger. La chaleur produite par ce travail était si forte qu’on dû lui sortir la bague qui lui brûlait le doigt.

Le 25 mars, le Grand-Vicaire nous dit : « Je suis toujours très satisfait du travail qui s’opère ; il touche à sa fin. Quant au rapport que je vous ai promis, je vous en dirai quelques mots pour mieux faire ressortir la beauté du travail. Au début, je n’avais pu en saisir tous les détails ; à présent, j’ai des explications que je puis vous donner plus compréhensibles, bien qu’il soit très difficile pour nous de vous expliquer exactement ce qui se passe ici, avec les mots que vous connaissez ; il me faudrait d’autres termes. Il me faut tout préparer d’avance, comme je le faisais pour mes sermons, afin de ne rien laisser obscur. Je vous donnerai ce rapport[4] en plusieurs fois, au verre d’eau, afin de ne pas occuper toute une séance. »


La ficelle et la framboise de Justin

Le 1er avril 1912, pendant que le médium était dans le cabinet la bague au doigt, la pierre verte est restée sur la cheminée, dans son écrin. Lorsque Bedette vient à sa place, Justin nous dit qu’il n’est pas content parce que «  Cyclamen lui a f… un galop sérieux ». Il avait vu une ficelle de fluides qui allait de la bague à la pierre verte ; il a voulut la toucher pour voir si elle était solide et il l’a cassée. Aussi le Grand et Cyclamen n’étaient pas contents et ils le lui ont bien dit ; il ne recommencera plus, il le promet.

Le 6 mai 1912, pour couper court aux intrigues d’une certaine Mme X…, que Justin appelle la grosse femme ronde et qui tourmente la patronne de Bedette pour qu’on lui remette la fameuse bague, nos guides nous recommandent de ne pas la laisser sortir du local de nos séances tant qu’elle ne sera pas terminée. Ils nous dirons alors ce que nous devrons faire.

Le 20 mai, le médium dit : « Ce que j’ai vu ce soir, dans le cabinet, m’a fait plus de plaisir que si on avait fini la bague. Je suis sortie de mon corps, j’ai observé le Grand-Vicaire. Comme il y avait ce soir des forces suffisantes, il a pris dans chacun de nous des fluides pour en former la substance d’un présent qu’il veut faire à tous les membres du groupe. Il y en avait huit… C’était brillant… Ce sera un talisman de bonheur que nos amis seront heureux de vous donner. »

Cyclamen ajoute : «  Ce petit joyau renfermera pour chacun de vous un réservoir de forces où vous pourrez puiser à tous les moments de votre existence. S’il vous arrive quelque peine, ce sera un soutien ; au moment de votre désincarnation, ce sera une force salutaire qui partira en même temps que vous, de même que la bague du médium. »

Mgr Servonnet ajoute : « Tout ce qui vient des fluides ne peut rester entre toutes les mains, sans crainte de se désagréger. Ne confiez à personne ce petit talisman. » Soyez bons et confiants ; n’appréhendez rien de mal de ce qu’on vient de vous dire, bien que ce soit très exact. Cela ne veut pas dire que vous partirez bientôt pour l’au-delà ; mais à ce moment là, ce talisman partira en même temps que vous lorsque votre tâche sera achevée. Mais il ne faut pas laisser ce joyau en n’importe quelles mains. N’ayez nulle crainte quand sonnera pour vous l’heure inévitable de la séparation ; vous serez bien aidés et vous souhaiterez vous-mêmes de venir nous rejoindre.

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En raison d’évènements divers les séances se suivent sans résultats. Nos guides travaillent aux talismans et Justin nous dit qu’il a vu ce qu’on va nous donner ; mais il ne faudra pas dire qu’il l’a répété : cela ressemble à une framboise pas mûre, mais c’est brillant, bien joli.


Machinations et jalousies

Le 3 février 1913. Depuis le mois de mai dernier nos réunions ont suivi leur cours régulier, mais sans que rien de saillant ne se produise au niveau de la bague, ni des talismans. Nos amis s’en sont bien occupés à chaque séance, mais par suite d’intrigues, de contrariétés, d’entraves physiques, morales et occultes, tout reste au même point. Cependant le groupe se maintient compact malgré des efforts contraires venant du dehors.

L’éclairage a été modifié ; il est maintenant assuré par des lampes électriques de 25 à 32 bougies et une rouge de 16 bougies.

Notre groupe ayant perdu deux membres pour cause de départ, deux nouveaux membres ont été demandés par nos guides et sont venus les remplacer. L’un d’eux est Mlle Louise devenue Madame en 1890. Cyclamen et Esther souhaitent la bienvenue à notre ancien médium du groupe Amitié et lui témoignent leur joie de la revoir parmi nous.

Le 10 février, nos amis nous demandent d’avoir encore un peu de patience au sujet des talismans dont la matérialisation a été entravée par des influences occultes et le trouble produit par les entreprises de jalousie. Nos amis veulent aussi que les deux nouveaux membres ne soient pas oubliés ; ils ajoutent donc au nombre fixé deux suppléments pour nos nouvelles amies.

Vers la fin de la séance, une bouteille pleine d’eau placée vers huit heures sur la cheminée se brise sans cause apparente, sous le choc fluidique d’un Esprit turbulent qui vient de quitter brusquement Bedette.

Le 17 février, pendant la séance rouge, alors que Bedette dort du sommeil magnétique, Mlle Louise s’endort spontanément. Elle retrouve les amis du groupe Amitié ; puis elle entre en extase ; sa figure s’illumine. Elle dit : « Comme ils sont bons nos amis, comme ils sont beaux, comme tous les fluides rayonnent. Concentrez bien vos pensées pour aider au travail qui se prépare. »

Le 17 mars 1913, Mgr Servonnet dit : « Bonsoir mes amis ; j’ai été peiné, autant que vous, du retard apporté au don de vos petits talismans. Il ne faut pas vous en impressionner, ni en faire un reproche à vos amis. Pour des raisons spéciales, on a dû retarder votre plaisir. Cyclamen ne fait rien par caprice, il a dû s’incliner devant la nécessité ; par respect et par délicatesse pour lui acceptez la situation, car il est très sensible à vos bons sentiments. »

Nous aurions dû avoir les talismans aujourd’hui ; nos Guides nous les avaient promis, mais par suite des agissements de la grosse femme ronde, nous nous sommes trouvés acculés à cette impasse : ou retarder les résultats si impatiemment attendus, ou perdre notre petit médium. Nous avons préféré ajourner à plus tard, la production de ce phénomène et conserver parmi nous, notre petite Bedette, par qui j’avais été prévenu de ce qui se préparait contre nous. Pour ce motif, la bague aussi reste inachevée.

Le 30 juin 1913, par Mlle Bedette, au début de la séance, un Esprit inconnu se manifeste. Il vient, nous dit-il, pour troubler nos séances ; il ne voit pas pourquoi nous obtenons des phénomènes qui ne se produisent pas ailleurs. Puis il ajoute : « Je me sens sous l’influence d’un autre qui m’envoie ici pour vous entraver. Dites-moi ce que je dois faire pour m’en dégager ? » Je lui montre l’odieux de sa conduite et de celui qui l’envoie ; il écoute, puis nous dit : « Merci… Adieu… »

Le 23 juillet, le Grand-Vicaire dit : « Je suis très content, je vous l’assure ; j’espère pouvoir bientôt chanter un Te Deum. Je tiens à vous le dire : de plus en plus je suis heureux d’assister à vos réunions ; je souhaite qu’il en soit ainsi pour vous. Je dis à tous : Espoir et confiance.

La framboise de Justin se matérialise

Le 24 novembre, en l’absence de Melle Bedette, Mme Louise voit ce qu’on veut nous donner et dit : « C’est là, tout prêt ; je n’aurais qu’à le prendre, mais je ne veux pas ; je veux laisser à notre médium, Bedette, la joie de vous le donner ».

Le 22 décembre 1913, pendant une séance rouge, Mme Louise a vu une main lui présenter une rose fluidique, mais elle n’a pu la matérialiser.

Le 29 décembre 1913, Mlle Bedette voit le Grand-Vicaire se promener au milieu du Groupe, s’arrêter devant chacun de nous, tenant des perles entourées de fluides. Il ne peut encore les donner, mais il est content et nous dit de l’espérer. Il nous aime bien.

Le 9 mars 1914, Bedette nous dit avoir failli prendre les petites choses qu’on nous a promises. Elle a vu descendre dans ses mains des fluides en forme de boule ; puis, peu à peu, ce globe s’est fondu dans ses doigts.

Le 27 avril 1914, Mme Louise nous dit voir les pierres ; on lui demande de nous les montrer comme à la précédente séance. Elle nous demande de chanter encore, pendant qu’elle tient les mains de Bedette et les miennes, puis elle dit : « Encore un effort. Oh ! Je les veux ». - Prenez-les, dis-je à Mme Louise. Elle se lève, et sous la lampe rouge, saisit quelque chose qui est d’abord obscur dans sa main gauche restant constamment ouverte sous nos yeux. Je vois d’abord une pierre verte ; Mlle Henriette voit en plus une topaze que je ne distingue pas. Mme Louise verse alors le contenu de sa main, en catalepsie, dans la mienne et je sens deux objets. Nous faisons la lumière blanche et nous constatons qu’il y a deux pierres taillées en roses, une émeraude et un grenat, plus grosses que celles de la bague. Les deux médiums sont en catalepsie partielle. Bedette est plus longue à se remettre que Mme Louise. Ce phénomène s’est produit non dans le cabinet, mais les médiums à coté de nous, sous la lumière rouge.

Le 11 mai 1914, pendant la séance rouge, nous faisons la chaîne. Je tiens dans ma main droite la main droite de Mlle Victorine. Les deux médiums appuient leurs mains sur les nôtres et ma main gauche agit sur les leurs. Mlle Bedette dit que ses doigts sont glacés. Mme Louise voit les pierres dans les fluides ; elle demande des forces et nous prie de chanter. Mme D… voit aussi les pierres. Je demande aux médiums de faire un effort pour obtenir un résultat. Je vois alors, distinctement, un cube transparent de nuance verte et de la grosseur[5] d’un point (un décimètre) se former devant moi, au-dessus des mains de Bedette ; il me paraît en verre de bouteille ; je le vois se condenser à mes yeux puis je vois la pierre tomber dans la main du médium Bedette, et rebondir sur mon avant-bras droit. Je pense qu’elle a dû tomber sur le tapis ; mais non, je la sens remonter dans ma main droite et venir se glisser au milieu de ma main, sous la main de Mlle Victorine qui n’a pas fait un mouvement et tient ma main fortement enlacée.

A la lumière blanche, lorsque nous séparons nos mains, nous trouvons une émeraude taillée en forme de carré.

Voici le témoignage de Mlle Victorine sur le phénomène :

Lyon le 20 mai 1914

Je soussignée Victorine R…, certifie que pendant la séance du 11 mai 1914, à la lumière rouge (ampoule 16 bougies) étant réunis au nombre de dix personnes, pour notre séance hebdomadaire :

1° Lorsque j’ai mis ma main droite dans celle de M. Sausse, il n’y avait absolument rien, ni dans sa main, ni dans la mienne ;

2° Pendant toute la durée de la séance rouge, nos mains sont restées étroitement paume contre paume ;

3° Lorsque le phénomène s’est produit, j’ai senti la matérialisation se glisser dans ma main ;

4° Lorsque, à la lumière blanche (ampoule 32 bougies), nous avons séparé nos mains, il y avait dans le creux de la main de M. Sausse, une pierre émeraude taillée en diamant, que nos guides y avaient introduite pendant la séance rouge, comme il est dit au procès-verbal de la dite séance.

En toute sincérité, je signe cette affirmation,

Signé : Victorine R…

Pour copie conforme :

Henri Sausse.

Depuis que nos guides s’occupent spécialement des talismans, la bague à chaque séance, est placée sur la cheminée dans son écrin, la pierre verte libre. A la séance du 18 mai 1914, après le travail à la lumière rouge, Justin nous dit : « C’est aujourd’hui jour de préparation ; la prochaine fois jour de réalisation. Il y aura trois pierres ».

Pendant que je fais signer le procès-verbal de la précédente réunion, Mlle Henriette prend l’écrin sur la cheminée ; l’ayant ouverte, elle est surprise de voir que la pierre verte est en place ; elle nous la montre et referme l’écrin. Mme Louise demande à voir la bague ; elle ouvre de nouveau l’écrin : la pierre tombe dans l’écrin que je referme. Un instant après, Bedette veut voir aussi sa bague ; elle ouvre l’écrin : la pierre est à sa place, de nouveau ; puis elle retombe une seconde fois.

J’endors à nouveau Bedette pour avoir l’explication de ce phénomène. Elle répond que pendant la séance rouge, le Grand-Vicaire a chargé la bague de fluides pour la terminer ; c’était ces fluides qui retenaient la pierre en place, lorsqu’elle est retombée et, l’écrin fermé, les fluides ont à nouveau attiré la pierre comme l’aimant attire le fer puis, la force épuisée, la pierre est retombée.


Sur les conseils de Cyclamen

Le 25 mai 1914, pendant la séance rouge, suivant les conseils de nos guides, je tiens dans ma main gauche les deux mains de Bedette, et dans ma main droite les deux mains de Mme Louise. Celle-ci proteste, elle veut qu’on la laisse libre ; elle voit les pierres ; elle veut les prendre ; elle pleure. Bedette lui dit : « Ecoutons nos guides, nous n’aurons pas besoin de les prendre. Cyclamen les apportera dans nos mains ».

Cette lutte énerve les médiums. Il n’y a pas de résultat, mais Justin nous annonce quatre pierres pour la prochaine réunion.

Cyclamen nous dit : « Ayez courage, nous faisons tout ce que nous pouvons pour vous contenter. Nous travaillons de notre côté et nous avons, nous aussi, un contrôle auquel nous obéissons. Il y a toujours au-dessus de nous quelqu’un qui nous dirige. Je vous remercie de votre confiance en nous. »

Le 14 juin 1914, communication de Cyclamen. Cette communication est obtenue au verre d’eau. Au début, lorsque cette faculté s’est développée chez Mlle Bedette, elle concentrait son regard sur une coupe d’eau ; comme souvent la coupe était agitée, le contenu se répandait un peu partout ; nous l’avons remplacée par une bouteille carrée, en verre blanc, remplie d’eau magnétisée et hermétiquement fermée. Pendant que Bedette la regarde, elle voit se dérouler, dans la bouteille, une bande de papier comme celles du télégraphe et sur cette bande elle lit les enseignements que nos amis veulent nous donner. C’est ainsi que nous avons obtenu la prière du Grand-Vicaire et obtenu aussi la recommandation suivante :

« Je te recommande à nouveau, pendant la séance rouge de bien tenir les mains des médiums et je leur demande d’excuser cette exigence qui est nécessaire et dont ils reconnaîtront l’importance plus tard.

« Nous savons, mes amis, et nous en sommes heureux car cela fait notre force, qu’il n’y a aucun doute à avoir parmi vous ; mais nous devons vous rappeler que les phénomènes dont nous poursuivons la réalisation et que nous sommes heureux de produire pour vous ne sont pas exclusivement pour vous. Le récit en sera fait au dehors ; or, pour qu’il porte et produise l’effet que nous désirons, il est indispensable que les conditions dans lesquelles il sera établi ne puisse donner prise à aucun doute, aucune suspicion, de la part de ceux qui en prendront connaissance sans avoir assisté à nos réunions.

« Je le sais, vous ne désarmerez jamais la mauvaise foi, ni la négation du parti pris, mais il n’en est pas moins vrai et indispensable que les gens sérieux et qui observent, si toutes les précautions ont été prises pour assurer l’authenticité des phénomènes, votre parole n’aura que plus de poids et votre témoignage une plus grande portée.

« C’est pour cela que j’en demande pardon aux médiums, mais je te recommande de ne pas te dessaisir de leurs mains pendant la séance rouge. C’est une question d’habitude et de prudence pour eux et pour les mettre à l’abri de tout soupçon injustifié venant du dehors. Les phénomènes ne s’en réaliseront pas moins facilement. »

Le 15 juin 1914, je prends les mains des deux médiums ; M. M… donne la lumière rouge ; le groupe forme la chaîne.

Pendant cette séance, les médiums voient les pierres suspendues à leur fil fluidique. Nous unissons tous nos efforts, tous nos désirs pour les avoir. Lorsque nos amis demandent la lumière blanche nous trouvons, comme on nous l’a annoncé, une pierre dans les mains de Bedette que je tiens toujours et une sur le tapis ; celle-ci aurait dû se trouver dans les mains de Mme Louise, mais toujours très agitée par la production des phénomènes, elle fait constamment des efforts pour se dégager ; tandis que Bedette reste calme et passive. Malgré cela je n’en tiens pas moins leurs deux mains dans chacune des miennes.

Le 22 juin 1914, pendant la séance rouge, je tiens sous mon pouce, dans la main des deux médiums, une des deux pierres qui nous ont été données le 15 juin. Nos amis nous ont demandé d’agir de la sorte pour augmenter le volume des deux pierres qu’ils trouvent trop petites. A la fin de la séance, ils sont satisfaits du résultat que nous voyons assez appréciable.

Le 29 juin, pendant la séance rouge, alors que je tiens la main des deux médiums, Mme Louise voit les pierres promises. Il y en a deux ; mais les forces manquent ; une seule est matérialisée ; l’autre trop petite parce que les fluides sont insuffisants, est remportée par nos amis.

Mgr Servonnet dit : « Quand tout sera fini, j’espère que chacun pourra venir dire ses impressions. Pour le moment le travail est bien plus difficile que je ne pouvais le croire ; il faut si peu de chose pour le faire échouer. »

Au cours de la séance, Justin avait demandé que je lui donne un verre de clairette mousseuse pour réparer ses forces parce qu’il avait bien fluidiqué. Je le lui promets à la condition qu’il la boira lui-même. La séance terminée, j’offre à nos amis une coupe de vin demandé par Justin, et je mets onze coupes sur le plateau. Pendant que nous causons et sans qu’elle s’en rende compte, Mlle Bedette est prise en trance par Justin, qui saisit la coupe, la vide d’un trait, s’en délecte, puis quitte le médium sans que celle-ci se soit même aperçu de la chose. Au moment de partir, lorsqu’on informe Bedette de ce qui s’est produit elle proteste, parce que si elle avait bu deux coupes elle aurait la tête lourde, et elle se sent très bien au contraire.

Le 6 juillet 1914, Mme Louise étant malade, Bedette est seule comme médium. Je tiens ses deux mains. Elle voit une pierre se former, mais les forces lui manquent ; Elle est trop petite, nos guides l’emportent au laboratoire spirituel pour lui donner les propriétés nécessaires à celui à qui elle est destinée. Elle voit partir la pierre ; elle pleure puis dit : « La prochaine fois nous en auront trois. »

Le 20 juillet 1914, pendant la séance rouge, je tiens les deux mains de chaque médium : celles de Mme Louise au-dessus de celles de Bedette. Cette dernière voit les pierres ; elle les veut. Nous unissons tous nos pensées dans ce but. Bedette a un soubresaut et dit avoir une pierre dans sa main gauche. Elle embrasse Mme Louise et demande qu’on lui laisse la pierre. Un nouvel effort elle affirme en avoir une seconde ; puis un nouvel élan des deux médiums et ils disent « C’est pour ce soir ». On garantit les yeux des médiums et M. M… ramène la lumière électrique.

Nous voyons alors les quatre dernières pierres réunies dans la main de Bedette qui est en catalepsie complète, tandis que Mme Louise a seulement les bras engourdis.

Mlle Bedette, en somnambulisme, nous dit que les trois premières pierres sont venues dans sa main en traversant celles de Mme Louise ; la dernière s’est glissée entre ses doigts venant en dessous de ses mains que j’ai tenues très exactement pendant toute la séance rouge.

Le 27 juillet 1914, après la séance rouge, Cyclamen se manifeste et dit : « Bonsoir, mes amis. Cette fois nous allons vous satisfaire en vous distribuant vos petites pierres. Elles sont toutes magnétisées selon vos besoins. Nous avons travaillé longtemps pour vous les donner ; nous y sommes parvenus. Ce sont des fluides très purs que nous avons pris en vous, pour les combiner avec les nôtres, et les condenser exprès pour vous. Le Grand-Vicaire a bien travaillé, nous vous demandons de lui donner un merci tout particulier, il l’a bien mérité. »

« Voici comment il faut les distribuer. Comme chef du groupe, tu prendras la rouge[6] pour toi. Tu donneras une des deux grosses vertes à Mme Louise l’autre est pour Bedette. Donne-moi toutes les autres dans ma main. » Il les observe, les touche puis remet à chacun celle qui lui est destinée, avec un mot d’encouragement : puis il ajoute : «  Vous avez mes amis, vos talismans fluidiques : nous désirons qu’ils vous procurent à tous de bien douces joies et de bonnes choses.

« Nous avons donné ces pierres ce soir, pour que vous concouriez à affermir la paix intérieure et la force de la France, qui va traverser de grandes crises. Priez bien, de tout votre cœur, pour la paix, en envoyant votre pensée à la France qui en a grand besoin. »

«  Nous avons réfléchi et décidé de vous laisser reposer et reprendre des forces ; nous avons nous aussi, besoin de repos ; les séances seront donc suspendues pendant tout le mois d’août ; nous les reprendrons en septembre. »

Petite Jeanne nous recommande de bien unir nos pensées et nos prières pour la France qui sortira victorieuse de ses tribulations.

Le Grand-Vicaire : « Impleat Dominus omnes petitiones tuas. » Que le Seigneur vous accorde toutes vos demandes.

Le 27 juillet 1914

Ici se termine notre livre de rapports. Pour la première fois, depuis quatre ans, nos amis nous ont donné un mois de congé ; nous savons maintenant pour quelles raisons. Malgré elles, et l’angoisse qui étreignait tous nos cœurs, nous avons repris nos séances ; non plus pour la production des phénomènes, mais pour réunir, chaque semaine, tous les fluides que nous pouvions offrir à nos guides pour les seconder dans les missions qui leur étaient confiées, pour qu’ils les emploient à relever le courage de ceux des nôtres qui auraient pu faiblir ; pour inspirer à tous le désir et la volonté de vaincre et la certitude du triomphe final, dont nous n’avons jamais douté ; pour qu’ils puissent avec nos fluides ; soulager nos blessés, nos malades, rendre l’espoir à nos prisonniers et surtout pour qu’ils viennent en aide à ceux qui, chaque jour, sont tombés pour ne plus se relever ; pour qu’ils les aident à reconnaître leur nouvelle situation, à sortir du trouble et à se rendre compte qu’ils peuvent encore seconder leurs camarades restés dans le rang, en les aimant de leur souffle patriotique et de toute leur forces fluidiques .

L’appel : « Debout les Morts », n’a pas retenti uniquement dans la tranchée, il a eu des échos nombreux, et les impondérables s’y sont ralliés pour le salut de la France, pour la défense du droit, de la justice, de la liberté. Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Bayard, tous nos preux, toutes nos gloires nationales, tous les Carnot, les Gambetta, les Déroulède, ont répondu à cet appel ; nos guides ont fait de même dans la mesure de leurs forces ; et notre fière France, qui devait être écrasée, non seulement est encore debout, mais, avec l’appui de tous ses enfants, pour le progrès de l’humanité : ELLE THRIOMPHERA.

Le 31 janvier 1947.


Pourquoi ?

1er mars 1917.

Les résultats heureux obtenus dans mes recherches sur le Spiritisme expérimental et les nombreuses manifestations physiques et tangibles auxquelles il m’a été donné d’assister et prendre part, m’ont fait demander à maintes reprises ; pourquoi donc êtes-vous si bien favorisés et pourquoi aussi vos médiums n’ont-ils pas obtenu avec d’autres expérimentateurs de semblables phénomènes ?

Pourquoi, en effet ?

Il y a sans doute, à cela, de nombreuses raisons, parmi lesquelles je crois pouvoir signaler la suivante :

Bien avant Mme Louise, Mme Ch… comme Mme M… et Mlle M… m’avait dit : « Je ne puis rien sans vous. »

Lorsque Bedette m’affirme à son tour que ma présence lui est indispensable pour la production des phénomènes obtenus par son intermédiaire, peut-être n’a t-elle pas tout à fait tort.

En effet pour rendre hommage à la bonne volonté de mes médiums, je leur ai toujours attribué le mérite des résultats obtenus. Dans les narrations des phénomènes divers que nous avons observés leur faculté seule à été mise en évidence. Puisque j’en avais la joie, j’ai tenu à leur attribuer tout le mérite et l’honneur et cependant je n’y étais pas aussi étranger que je l’ai laissé supposer.

Pour répondre donc à cette question : pourquoi ? Je puis avouer que je suis moi aussi un peu médium à effets physiques. Tout en restant parfaitement réveillé, il m’arrive souvent quand je suis seul, de percevoir des bruits, des chocs assez forts qui se renouvellent quand je dis : «  Recommence ! »

De la première fois où j’ai dit : « Recommence », j’ai pourtant gardé un frappant souvenir. C’était en 1867, un soir d’hiver ; nous étions autour du feu, mon père, ma mère, mon frère et moi quand se produisit dans la cheminée, une détonation semblable à celle d’une arme à feu. Ma mère sursaute et mon père lui dit : « De quoi as-tu peur ce sont nos morts qui manifestent leur présence », et j’ajoutai : « Et bien si ce sont nos morts qu’ils recommencent ». Au même instant deux bruits se produisent ; l’un venant de la cheminée et semblable au premier, le second venait de ma joue sur laquelle ma mère venait d’appliquer la plus magistrale gifle que j’ai reçue de ma vie. Je ne dis pas à ma mère : « Recommence ».

Plus tard, en 1879, un dimanche matin, dans ma chambre de garçon, j’avais mis tout en ordre, fait ma toilette et pendant plus d’une heure, en attendant le moment d’aller déjeuner, j’avais lu. Vers onze heures et demie, je replaçais dans la bibliothèque le livre que j’avais parcouru ; lorsque j’entends derrière moi un bruit « link » pareil à celui d’un objet en fer heurtant du verre. Je me retourne et dis : « Recommence ! » et au même instant le bruit se renouvelle suivi d’un glouglou significatif, c’était ma carafe qui avait reçu le choc invisible et un éclat d’un centimètre de large sur cinq de long venait de s’en détacher ; or, j’étais seul chez moi, je le répète, et depuis huit heures du matin que j’avais garni ma carafe je ne l’avais pas touchée.

Plus tard encore, en 1884, étant seul à lire dans ma cuisine j’entendis un bruit, dont j’ai parlé dans les travaux du groupe Amitié, qui m’aida à déjouer une supercherie.

Toujours plus tard, en 1893, j’étais seul à mon travail, occupé à remplir une commission. Parmi les objets demandés figurait un manchon de vison. Je n’en ai qu’un que j’ai mis de côté exprès ; je vais droit au rayon où je dois le trouver, je prends deux piles de carton, il n’y est pas : j’en prends deux autres, mêmes insuccès.

Comme il y a 150 boîtes à ouvrir je remets en place les manchons que j’ai sortis du rayon en pensant : « quand le garçon de courses sera de retour je le lui ferai chercher » et je ferme le placard ; puis je reviens à ma commission. J’entends alors tomber et rouler loin de moi un manchon dans sa boîte, et je me dis : « tu peux rouler, je te relèverai lorsque j’irai de ce côté », or, c’est précisément dans cette direction que se trouve l’objet suivant de ma commission. Je ramasse la boîte, je l’ouvre : c’est justement le manchon que j’avais renoncé à chercher. Je reviens au rayon voir de quelle rangée il est sorti ; aucune place vide, toutes les piles du premier rang sont au complet. Comment est-il sorti du placard que j’ai refermé ? Qui a bien pu me le donner ainsi ? Ce n’est sûrement pas un incarné, car j’étais seul à ce moment (à l’heure du déjeuner) au magasin, ce n’est donc pas par une intervention humaine que je l’ai reçu, mais par un aimable invisible qui a voulu me donner une preuve de sa présence.

Plus tard, enfin, le 27 octobre 1901, un dimanche soir, je me trouvais avec ma mère, dans mon logement. Nous étions tous les deux assis sur le canapé et nous causions de nos parents défunts, en attendant le retour de mes enfants qui étaient à la promenade. J’avais, pour être plus à mon aise, endossé une robe de chambre fermée par une grosse cordelière et je faisais machinalement le moulinet avec l’un des glands lorsqu’un choc se produit ; ma mère me dit : « Tu as fait tomber quelque chose ». Elle se baisse, ramasse à ses pieds un crochet à broder qui avait appartenu à ma femme et dans ma main, j’avais un anneau en cuivre, de la grosseur d’une pièce de deux francs.

D’où venait tout cela ? Ma mère qui ne croyait pas aux manifestations spirites et en avait peur, dut se rendre à l’évidence et, lorsque mes enfants rentrèrent, elle montra le crochet à ma fille en lui disant : « Qu’est-ce que cela ? » Elle lui répondit : « Mais c’est le crochet de Maman, d’où le sors-tu ? » Il était resté dans la poche de la robe qu’elle avait dans son cercueil. C’était bien en effet le crochet de ma femme et je l’avais moi aussi reconnu.

C’était là un apport probant et non une illusion : nous étions tous les deux seuls, ma mère et moi, et tous les deux parfaitement réveillés.

Je pourrait allonger ces récits de nombreux autres faits, mais ceux que je viens de signaler sont je crois suffisants pour donner une créance à l’avis des médiums. Dans la production des phénomènes obtenus, je dois avoir ma petite part, et voilà pourquoi, sans doute, ceux qui ont cherché à me prendre mes sujets, pour provoquer la manifestation des mêmes phénomènes, n’y sont pas parvenus.

Mais je ne veux pas faire ma part plus belle qu’elle ne l’est ; je persiste , au contraire, à en rapporter le principal mérite aux médiums qui, chacun dans des ordres de recherches différents, m’ont prêté le concours le plus complet, le plus dévoué, le plus désintéressé. La joie des résultats obtenus me suffit ; je leur en octroie tout le mérite en témoignage de reconnaissance pour l’assiduité, la patience, la persévérance qu’ils ont montrées au cours de nos travaux en commun.

En fin de compte, nous avons pu nous aider mutuellement mais c’est bien grâce à elles, à Mlle Bedette au groupe Espérance, à Mlle Louise au groupe Amitié, à Mmes M…, Ch…, que j’ai pu obtenir les nombreux phénomènes dont j’ai été favorisé et dont ensemble nous avons remercié nos guides, nos amis défunts, car ne l’oublions pas ils sont, eux aussi, pour la plus large part, dans la réalisation des phénomènes que sans eux, nous n’aurions jamais obtenus.

Pour faire un bon civet, dit-on, il faut un bon lièvre. Pour faire un bon groupe d’études spirites, un bon médium ne suffit pas. Il faut avec cela une harmonie parfaite entre tous les membres du groupe ; il faut une ténacité persévérante que rien ne décourage, que rien ne rebute ; il faut une volonté ardente, soutenue, qui anime tous les membres dans leurs espoirs, dans leurs désirs ; une assiduité que rien n’arrête et une confiance réciproque, qui, de tous les assistants, ne fasse qu’un seul bloc, animé de la même ardeur à poursuivre les travaux ; de la même reconnaissance envers les invisibles qui nous prête leur concours ; car sans eux il n’y a rien à faire, rien à attendre. Harmonie, confiance, persévérance sont les conditions indispensables de réussite. C’est pour ces raisons qu’un groupe d’expérimentation des phénomènes transcendants doit être un groupe fermé, d’où les curieux, les indifférents doivent être exclus et à plus forte raison les envieux, les jaloux et ceux qui nient la possibilité des phénomènes.

Telles sont les règles que nous avons suivies, les conditions que nous avons réalisées et grâce à nos amis de l’espace, le succès a largement compensé nos efforts.

A tous ceux qui voudront entrer dans cette voie, souhaitons une égale persévérance et encore de plus heureux résultats. Mais il faut non seulement vouloir, mais il faut aussi savoir vouloir.


Conclusion

Maintenant que nous avons fait défiler sous vos yeux, en deux séries de phénomènes, les preuves promises par nos titres et que nous voulions vous faire connaître, quelles conclusions, ami lecteur, pouvons-nous et devons-nous tirer des faits que nous avons exposés ?

Tout d’abord, si nous nous reportons par la pensée à l’époque où les premiers phénomènes se sont produits, nous nous souviendrons qu’alors, tous ceux qui s’occupaient de pareilles recherches en France se déclaraient franchement et simplement spirites, c’est-à-dire disciples d’Allan Kardec, le fondateur du Spiritisme philosophique. Il y avait même de leur part une certaine crânerie à se déclarer spirite, tenir son drapeau déployé au lieu de le cacher dans sa poche, comme beaucoup de néo-spirites ont cru devoir le faire depuis, pour s’abriter derrière des noms, des mots nouveaux aussi barbares que scientifiques ; et ne pas s’exposer aux railleries, aux sarcasmes des matérialistes auxquels s’étaient joints, pour étouffer le Spiritisme, les menées louches et déloyales du cléricalisme cherchant, de son côté, à le tuer sous le ridicule et la mauvaise foi. Alors il y avait des risques à courir à se déclarer spirite ; mais nos aînés étaient fiers de ce nom que leur avait enseigné Allan Kardec dont ils connaissaient à fond tous les ouvrages et dont ils suivaient les leçons[7]. Ils étaient profondément convaincus de l’existence en nous d’une âme immortelle, de sa survivance à la destruction du corps matériel, de la communication réelle et possible entre les vivants d’ici-bas et les vivants de l’au-delà, c’est-à-dire nos parents, nos amis et tous les contemporains désincarnés qui, s’étant intéressés à cette étude pendant leur vie terrestre, continuaient à le faire dans l’au-delà, avant de se réincarner sur notre planète pour y vivre une existence nouvelle, ou sur tout autre monde habité par des âmes en route pour le grand pèlerinage des existences successives.

Non seulement les spirites d’alors connaissaient bien les enseignements d’Allan Kardec mais ils les mettaient à profit pour leur avancement spirituel et moral et pour celui de la philosophie spirite. Ils étaient convaincus que toutes les communications étaient le fait des Esprits et que notre devoir, à nous, étaient de les étudier pour accepter les bonnes et rejeter celles qui paraissaient mauvaises où seulement douteuses. Ils se gardaient de leur mieux contre les fraudes soit des médiums, soit des désincarnés. Pas plus alors qu’aujourd’hui, l’étude du Spiritisme n’a été considérée comme une chose toute simple. Au contraire, nos aînés la considéraient comme une étude de longue haleine, à laquelle ils apportaient tout le sérieux, toute l’attention et la bonne foi qu’elle comporte et qu’elle mérite.

Or, il advint qu’un jour, les néo-spirites trouvant l’étude de la morale gênante, la délaissèrent pour ne s’occuper que des manifestations tangibles et matérielles. Ce fut alors une éclosion de théories nouvelles, d’hypothèses, de suppositions, d’affirmations sans preuves, toutes plus étranges, plus extravagantes, plus déconcertantes les unes que les autres. Tel savant matérialiste qui ne croyait pas à l’âme humaine ni à la survie rejetait l’âme et les Esprits et attribuait leurs manifestations aux causes les plus hétéroclites, les plus incroyables, qu’il affublait de noms plus ou moins barbares. Tel autre, mécontent de rien découvrir débaptisait les expériences anciennes pour les camoufler sous des mots nouveaux qui embrouillent, de plus en plus, l’étude de la Doctrine jusqu’alors si claire. Alors sortaient de l’ombre tous les inconscients et leurs superlatifs, dont chaque auteur donnait une explication spéciale qui ne définissait rien, mais camouflait l’âme et les Esprits et c’était là, tout ce que voulaient les instigateurs des nouvelles méthodes d’expérimentation. Les cléricaux, de plus belle, mettaient le diable en campagne et du haut de la chaire tonnaient contre le Spiritisme. Tandis que les scientistes escamotaient les Esprits qu’ils ne voulaient ni connaître, ni avouer, dont même ils ne voulaient pas entendre parler.

Parmi toutes les inventions, suppositions et explications nouvelles, avait-on au moins trouvé les moyens de résoudre tous les problèmes que nous posent les manifestations spirites ? Nullement. Aucun des phénomènes du groupe Amitié ne peut être expliqué, analysé par elles. La psychométrie, l’animisme, la télékinésie s’y sont appliqués sans grand succès. Pour les petits mouvements d’objets à courtes distances, on crut trouver un moteur dans les membres supplémentaires ou extensibles que certains médiums qu’ont étudié les savants avaient laissé supposer. Mais pour les gerbes de fleurs comme celles que nous avons reçues, pour les actions à longues distances, l’explication est encore à venir, comme le seraient les causes de la catalepsie après la réalisation des phénomènes, si les Esprits eux-mêmes ne nous en avaient fourni l’explication.

Pour le phénomène de l’écriture directe sous pli cacheté, aucune des théories nouvelles ne peut donner la solution. Lorsque j’écris comme médium, on m’objecte que c’est mon inconscient ou mon subconscient qui dicte la communication qui m’est donnée. Mais dans le cas cité, ni le médium ni moi n’avons rien eu à penser ni à écrire puisque la chose s’est produite sans notre intervention. Comment diable mon inconscient aurait-il pu s’y prendre pour écrire, lui-même sans que je m’en rende compte et ce qu’il y a de plus incroyable c’est que la première communication est d’une écriture fine et suivant les lignes droites bien que le papier fut plié en quatre alors que la deuxième communication signée « Ton Grand-père » est écrite en travers de la seconde feuille et que, l’écriture est si ressemblante avec celle qu’il avait pendant sa vie que ma mère l’a reconnue en passant, sans hésitation. Quelle raison aurais-je après cela à ne pas croire, qu’elle a été écrite par celui même qui l’a signée ?

La création des pilules pour un cas spécial, que personne ne pouvait prévoir et qui se matérialisent à point donnée, est aussi un phénomène que les théories nouvelles ne sauraient résoudre. Pas plus qu’on ne pourrait expliquer sans la pluralité des existences, l’explosion de la haine posthume entre Mme Louise et Mlle Sophie.

Parmi les faits du groupe Espérance, le cas de Mlle Victorine, qui vient nous révéler ses prénoms de Marie-Louise que personne ne savait et ne pouvait connaître, n’est-il pas absolument probant ? Et la sensation macabre éprouvée par le médium lorsque cet Esprit l’a quitté, n’est-elle pas typique ? On subit des effets semblables, on ne les invente pas.

Dans le cas de M. Servonnet, il y a ceci de particulier qu’un de ses neveux, que je ne connaît pas, m’a fait dire par un tiers qu’il avait reconnu son oncle au langage que le journal Le Spiritisme Kardéciste a reproduit de lui.

Et la prière en latin du Grand-Vicaire avec sa traduction ! Comment l’expliquer en dehors d’une intervention directe de ce personnage.

Et la bague de Bedette ! Quelle suite de problèmes ne nous pose-t-elle pas. Elle est créée à son doigt, trop petite, puis agrandie en séance ; elle change de doigt ou de main pendant que je tiens moi-même sa main dans la mienne.

Et la framboise verte de Justin qui se traduit en dix petites émeraudes, dont l’une se glisse entre ma main et celle de Mlle Victorine que je serrais vigoureusement dans la mienne.

De tout cela quelles explications plausibles peuvent donner les théories nouvelles ? Aucune de probante, à mon avis. Pour arriver à trouver une solution vraie, logique, à une explication satisfaisante, il faut revenir à la théorie spirite, à la présence des Esprits amis autour de nous, à leur pouvoir sur la matière qu’ils nous ont révélée être une avant que la science officielle ne soit venue le dire à son tour.

L’action des invisibles dans la production de ces phénomènes est indubitable et tous ceux qui ont suivi nos réunions, ou des réunions semblables, n’ont aucun doute sur la présence réelle autour de nous de nos amis de l’espace dont parfois nous sentons les frôlements aussi certains que s’ils étaient matériellement présents.

Tous les phénomènes que nous venons de passer en revue trouvent leur explication dans l’intervention des Esprits, dans l’assistance de nos amis défunts et ne la trouve complète que grâce à nos guides et à leur volonté, leur désir de nous être utiles et agréables. C’est donc au Spiritisme et au Spiritisme seul que nous devons attribuer ces phénomènes qui sont pour nous la preuve matérielle de la survivance des Esprits dans l’au-delà, de la communication certaine entre les vivants et ceux que nous appelons improprement des morts.

C’est parce que j’étais déjà spirite en 1867 que je me suis occupé de ces recherches ; c’est parce que j’étais spirite que, plus tard, j’ai pu poursuivre d’intéressants phénomènes et c’est à cause de toutes ces manifestations que, quoiqu’on puisse en penser, jusqu’au jour où je recevrai mon ordre de départ pour le grand voyage de l’au-delà, je resterai spirite et fidèle à Allan Kardec.

Henri Sausse.


Ode à Allan Kardec

Honneur à toi Kardec qui, par le Spiritisme,

Nous appris, de la mort, quel est le lendemain.

C’est grâce à tes leçons, ton pur idéalisme,

Que de la Vérité nous suivons le chemin.

Le doute triomphait. Le matérialisme,

Etouffant dans nos cœurs tout généreux élan,

Nous courbait sous le joug de son faux réalisme,

N’ayant d’autre avenir, pour nous, que le néant.

Lorsque tu vins à nous, penseur au front austère,

Nous montrant du destin les rigoureuses lois,

Tu soulevas, pour nous, les voiles du mystère,

Qu’avaient connu, jadis, nos pères les Gaulois.

Par tes enseignements, tu nous apprends, ô Maître,

Qu’il nous faut rechercher toujours le vrai, le beau :

Que mourir ici-bas, c’est s’en aller renaître,

Dans un monde meilleur, par delà le tombeau.

Mais il faut pour cela, sans tiédeur, sans relâche,

Dompter de notre corps les terrestres passions ;

Nous élever toujours est notre grande tâche,

Si nous voulons atteindre aux célestes régions.

Pour arriver dans le but de la marche au sublime

De chaque étape il faut, rempli de doux espoirs

Accomplir les desseins qu’un destin magnanime

A gravés dans nos cœurs, comme premiers devoirs.

D’abord nous entr’aider chaque jour davantage,

Compatir à qui souffre et lui tendre la main,

De progresser sans cesse avoir le vrai courage,

Et fouler à nos pieds tout sol respect humain.

Sans crainte et sans souci, de l’éternel voyage

Qu’il nous faut accomplir, nous observons les lois.

Nous savons que la vie est un pèlerinage

Que nous devrons encore accomplir bien des fois.

Mais nous savons aussi qu’à l’heure où le jour tombe

Nous pouvons évoquer tous nos morts bien-aimés

Qui, pour nous révéler les secrets de la tombe,

Du meilleur bon vouloir, sont, pour nous, animés.

Fêtons Allan Kardec, exaltons sa mémoire,

Du Spiritisme il fut l’illustre fondateur ;

Sur le marbre et l’airain du temple de la gloire

Il faut graver le nom de ce grand Bienfaiteur.

J’ai voulu, dans mes vers, à ta louange, ô Maître,

Affirmer ta doctrine, en préciser le but,

Et pour la faire aimer, la faisant mieux connaître,

De ma fidélité lui payer le tribut.

Je veux aussi fêter ces deux cinquantenaires,

Celui de ton retour, Maître, dans l’au-delà ;

Celui de mes débuts parmi tes volontaires ;

Et comme alors répondre, à l’appel : Me voilà.

Henri Sausse.

Ode à la mort

A Mademoiselle Bedette

Ce matin comme hier toutes les fleurs écloses

Exhalaient dans les airs leurs suaves parfums.

Quelle étrange illusion m’a fait parmi les roses

Evoquer aujourd’hui les manes des défunts ?

Amis ne cherchons pas dans le froid cimetière

Ce que les vers ont fait de leurs membres glacés

Notre corps est de fange, il retourne en poussière

Elle s’envole ailleurs l’âme des trépassés

D’un vêtement usé, quand nous jetons les drilles

Il nous importe peu d’en connaître le sort

Pourquoi donc tenir aux humaines guenilles

Que notre âme abandonne à l’instant de la mort.

Au milieu des tombeaux où gisent pêle-mêle

Tous nos débris charnels quand nous ne sommes plus

On perçoit cependant le doux frôlement d’ailes

De nos morts si vivants au séjour des élus.

Nous les croyons bien loin, nous pleurons leur absence

Et nous nous lamentons près des tombeaux fleuris

Alors qu’autour de nous, pour montrer leur présence

Ils restent attristés de n’être pas compris.

Victor Hugo nous dit ce que c’est que la tombe.

Qu’un lugubre appareil jusqu’ici nous voilà,

« On y monte étonné d’avoir cru qu’on y tombe »

Par un enchantement s’entrouvre l’au-delà.

Poète tu l’as dit : le rendez-vous des âmes

N’est pas le ciel béat, où l’on chante à genoux

Ni le sombre géhenne aux implacables flammes

Le royaume des morts est au milieu de nous.

A l’heure du trépas restons donc impassibles

Par delà le cercueil nos regards plus perçants

Nous montrerons alors que s’ils sont invisibles

Nos chers disparus ne sont pas des absents.

TABLE DES MATIERES

J’obéis ! 3

Au groupe « Amitié ». 6

Orgueil et simulation. 10

Ecriture directe sous pli cacheté. 11

Des Fleurs, encore des Fleurs. 14

De la Musique et des Fleurs. 17

Le dispensaire de l’Au-Delà. 19

Un anneau voyageur 20

Haines posthumes…. Réincarnations. 22

Le cas de Madame F…... 25

Dernières manifestations…... 28

Moulages en paraffine. 28

Récapitulation des phénomènes obtenus au Groupe «  Amitié ». 29

de 1884 à 1890. 29

Spiritisme expérimental 30

Mgr Servonnet 33

Mademoiselle Victorine G…... 35

Origine de la bague. 36

Collomb, la Fée St-Jean, le Facteur 37

La bague de Bedette. 39

La Prière du Grand-Vicaire. 42

Tribulations et succès. 44

La ficelle et la framboise de Justin. 46

Machinations et jalousies. 47

La framboise de Justin se matérialise. 48

Sur les conseils de Cyclamen. 50

Pourquoi ?. 53

Conclusion. 56

Ode à Allan Kardec. 59

Ode à la mort 61


[1]Selon l’aveu de M. Ch.Richet, la cryptesthésie n’est qu’un mot, qui ne dissimule même pas l’ignorance du monde savant au sujet du Spiritisme, et son embarras à en expliquer les phénomènes en dehors de l’assistance des Esprits. Revue Métapsychique 1921, n° 8, page 397

[2] Depuis nous avons une lampe électrique de 32 bougies ou une rouge de 16 bougies et jamais l’obscurité complète pour que chacun puisse se rendre compte de tout ce qui se passe.

[3] Le prénom du médium étant un peu long à prononcer, ma petite-fille lui a donné le diminutif de Bedette, nom qui lui a plu et sous lequel nous la dénommons depuis, avec son assentiment

[4] A cause de la guerre qui a bouleversé tant de choses et de situations, ce rapport n’a pu être dicté. Le sera-t-il un jour ? Je l’espère, mais je ne puis promettre qu’une chose c’est de le faire connaître, si jamais je le reçois.

[5]La grosseur du globe que j’ai vu et dont l’aspect était celui du verre de bouteille, était à peu près d’un décimètre cube. La pierre matérialisée à trois millimètres cubes environ, ces pierres, comme nos amis l’ont déclaré plusieurs fois, n’ont pas de valeur commerciale elles sont faites de fluides agglomérés par eux et matérialisés pour servir de souvenir de nos séances.

[6] Je la fis monter sur une bague en or. Cette pierre était d’un grenat très pur, elle était superbe ; mais en septembre 1914, au moment de la bataille de la Marne, elle disparut, nos amis l’ayant reprise pour utiliser les fluides aux soins de nos blessés.

[7] A Lyon sous l’ordre moral, nous étions à la police classés comme anarchistes et regardés de même.